27 févr. 2011

Connexion failed

Malgré les apparences, j'ai essayé de publier des textes ces derniers jours.

Depuis le précédent, j'en ai commencé trois. Au bout de plusieurs paragraphes, un constat s'impose: le billet n'est pas ce qu'il devait être. L'intérêt s'est évanoui, les mots ne coulent plus, l'idée initiale s'est transformée en lieu commun.

C'est décevant et frustrant.

Ce qui m'embête le plus, c'est cette interrogation: et si je n'avais rien à dire ?

16 févr. 2011

Que faire de cette colère ?

Je n'ai pas l'habitude de m'exprimer à chaud sur mon état d'esprit lorsque je suis contrarié, perturbé, en colère ou anéanti. Parce qu'il m'est arrivé de regretter ce que j'écrivais ou disais dans ces circonstances. Mais j'ai un peu appris à me gérer depuis.

Aujourd'hui, j'ai été mis en cause de manière frontale pour une négligence dans mon travail. Sans rentrer dans le détail, j'ai reporté l'accomplissement d'une tâche pendant plus d'un an, cela malgré plusieurs rappels à l'ordre. Je me considère bien fautif et n'ai pas véritablement d'excuse.

Cet après-midi, j'ai reçu un courriel me reprochant mon incurie, ma désinvolture , adressé en copie à mes responsables et à des gens avec qui je travaille. Ce message transpire la colère, et comme je l'ai expliqué un peu avant, celle-ci n'est pas illégitime, bien qu'exprimée dans des termes un peu vexants.

Je me suis effondré intérieurement à la lecture du courriel. Impossible de me concentrer à partir de là: je suis sorti prendre l'air. J'ai attendu plusieurs minutes que les pensées puissent à nouveau s'organiser et j'ai essayé de réfléchir à la meilleure manière d'agir pour la suite des événements.
Ce qui me désole le plus dans tout ça, c'est que je me suis senti entrer dans la zone rouge et que cela n'a pas suffi à me mobiliser à fond sur le problème. Et en toute logique la situation a continué à se détériorier.

Et il y a cette question qui reste irrésolue: que faire de cette colère exprimée à mon encontre ? Impossible de la renvoyer. Je sais qu'elle va rester à l'intérieur et qu'elle risque de mettre un peu le bordel.

Je pense souvent au roi sanglier dans Princesse Mononoké: la colère et le désir de vengeance qui l'habitent sont représentés par des vers qui le dévorent de l'intérieur. J'ai été sensible à l'avertissement véhiculé par cette métaphore: je ne veux pas me laisser ronger par la colère.

Je ferai tout ce que je peux...

14 févr. 2011

Coup de téléphone du dimanche matin

Certains jours, le temps d'un coup de téléphone, je renoue avec la campagne bretonne. C'est que ma tante et ma grand-mère habitent une petite maison sur le littoral finistérien. Et croyez-moi, de la campagne qui les environne sourdent de bien trucculentes histoires.

Dimanche matin, j'ai reçu l'un de ces coups de téléphone qui me font transplaner instantanément des pinèdes aquitaines aux landes armoricaines. Après avoir pris quelques minutes des nouvelles de ma tante, j'ai entendu le traditionnel "Je te passe ta grand-mère."

Je crois qu'on peut dire de ma grand-mère qu'elle est d'une étonnante vitalité. Elle a toujours des milliers de choses sur le feu. A s'occuper inlassablement de son grand jardin, de ses trois chiens, de son poulailler, et d'un grande famille, elle ne s'arrête pour ainsi dire jamais.

"- Oh c'est pas vrai, j'ai mon petit garçon au téléphone ! J'ai failli te renvoyer le mode d'emploi de ton portable par la poste, de peur que tu aies oublié comment ça fonctionne."

Elle aime beaucoup faire l'ingénue, et elle sait que son âge respectable lui donne le champ libre. Elle sait aussi que je ne suis pas un grand bavard et fait preuve d'une réjouissante imagination lorsqu'il s'agit de plaisanter sur ce trait de mon caractère. C'est ainsi que je suis souvent accueilli, lorsque je passe un p'tit coup de bigo juste pour prendre des nouvelles - ce qui arrive assez rarement j'en conviens -, par une exclamation du genre "Oh c'est pas vrai, il y a eu un tremblement de terre ?".

Dimanche dernier, la terre n'a pas tremblé vu que c'est moi qui recevais l'appel (cqfd). J'ai par contre appris que la vieille chienne de ma grand-mère avait fait une AVC et qu'elle vivait probablement ses dernières semaines. Le poulailler n'a quant à lui pas été endeuillé par un récent passage du goupil, qui doit toujours digérer ses précédentes ventrées de viande blanche.

"- On a retrouvé une oie morte. Elle s'est noyée dans un seau d'eau."  Sans doute a-t-elle basculé en avant sans pouvoir retrouver d'appui. Une fin bien cruelle quand on y pense. "Le jars est revenu tous les jours à l'endroit où elle est morte, et il restait là à attendre." La défunte devait donc être remplacée et il a fallu pour cela chercher sur Internet quelqu'un qui vendait des oies, ce qui ne se trouve pas à moins de 130 km, voyez-vous.

Mais tenez-vous bien car ce distant vendeur d'oies n'était visiblement pas un marchand de sable. Il a en effet compris que l'oie noyée n'était pas une dame, mais un mâle. Alors là, je vais être franc, j'ai dû manquer un ou plusieurs maillons du raisonnement: je me souviens juste qu'il y avait une histoire de mutation génétique qui entraîne une absence de crête, ou quelque chose comme ça. Eh oui, c'est un fait peu connu, mais les oies sont dures à sexer.

Finalement, il a bien été possible de remédier au célibat du jars. Car un jars sans oie, c'est un peu comme un art sans joie. "Et car des femelles il n'y en avait pas, j'en mis chez le jars" aurait pu me dire ma grand-mère si elle avait voulu, pour les besoins de mon blog, faire un jeu de mots mémorable.

Bref, je vous finis l'histoire: le jars a été très heureux de trouver une compagne.

Et moi bien amusé d'écouter une nouvelle de ces histoires aussi savoureuses qu'anecdotiques qui continuent à animer la campagne de mon enfance.

10 févr. 2011

Black swan

Il y a déjà - et il y aura sans doute encore - beaucoup d'excellentes critiques sur le dernier film de Darren Aronofsky, Black swan. Je n'apporterai pas d'éléments nouveaux sur le sujet.

Ce que je veux surtout dire, c'est que Black swan me reste dans la tête depuis hier soir où je l'ai vu. C'est un mélange intense de confusion, d'émotion, de déchirement, de folie, de beauté. Le tout est magistralement orchestré.

Parmi les films qui m'ont le plus marqué, beaucoup font la part belle à la recherche esthétique. Je pense par exemple à In the mood for love, Ghost in the shell, Blade runner et - pour revenir à Aronovsky - à The fountain.

Hier soir, j'ai été chamboulé par la beauté du cygne noir. Comme Requiem for a dream, Black swan atteint son paroxysme dans l'effroyable. Mais cette fois-ci, l'horreur rencontre quelques instants une grâce sublime. A-t-on frôlé la perfection ? L'a-t-on atteinte ? Black swan est à mes yeux un chef-d'oeuvre.

1 févr. 2011

Un mois

J'ai été informé il y a quelques jours que mes bons et loyaux services au travail m'avaient valu une récompense tout à fait inattendue : je vais accéder à un échelon supérieur de rémunération avec une réduction d'ancienneté d'un mois !

Il ne m'aura donc pas fallu 30 mois, mais seulement 29, pour faire péter la tirelire de mon employeur et offrir un festin d'ortolans à mon cochon fendu.

Non vraiment, je suis très honoré de cette récompense. J'ai d'ailleurs préparé un petit discours pour remercier tous ceux sans qui cette ascension fulgurante n'aurait pas été possible, et à qui je dédie ce soir ce trophée cette décision. Je tiens par ailleurs à saluer humblement tous les collègues qui concouraient dans la même catégorie. Je comprends leur déception, leur amertume, mais ils auront la courtoisie de reconnaître qu'ils ne faisaient pas le poids. Pour reprendre une fameuse chanson d'ABBA, the winner takes it all.

Il m'est agréable de rappeler que cette récompense est le couronnement d'un ensemble d'efforts entrepris de longue date et que je ne vous ferai pas l'affront de rappeler ci-après:
  • le café filtre que je prépare le matin est dosé à la quasi-perfection;
  • j'ai réduit de plusieurs centaines de mégaoctets l'espace qu'occupaient mes photos et vidéos sur le serveur de sauvegarde de l'organisme;
  • je ne laisse plus moisir des fonds de café dans mon bureau lorsque je m'absente plusieurs jours;
  • je vide moi-même la poubelle lorsque j'y déverse le vendredi soir plusieurs kilos de matière putrescible.

Alors oui, je suis devenu un employé modèle, un mètre-étalon pour tous nos collaborateurs. Mais ne vous meprénez pas sur mon compte : c'est bien à corps défendant - à défaut de cul défendu - que j'accepte ce nouveau statut d'icône. Ma modestie m'empêchera naturellement de tirer une quelconque gloire de cette exceptionnelle distinction.

Cher Patron, cher Père - si vous me permettez d'exprimer ici l'amour filial que je vous porte, merci pour cette reconnaissance de mes efforts, de mes compétences, de mon travail. Si je l'avais apprise plus tôt, je me serais sans doute abstenu de vider les comptes de l'association du personnel.

Mais c'est désormais vers l'avenir qu'il importe de se tourner.

A s'y méprendre, l'avenir ressemble à un mur. Je m'y appuie en écartant les jambes.