Chaque Noël, je rentre une semaine dans la maison familiale.
J'aimerais profiter de cette semaine pour me reposer et lire au coin du feu. Mais ça ne se passe jamais comme ça. Et je commence à me faire à l'idée que ce Noël idéal n'aura jamais lieu.
Tous les ans, le même schéma se répète. La course aux cadeaux accapare tout mon temps avant le réveillon. Je ne me rappelle pas avoir une seule fois terminé tous les achats avant l'après-midi du 24. Je crois que j'essaie d'utiliser tout le temps à disposition pour faire les "meilleurs" cadeaux possibles. Le 24 après-midi, c'est débâcle et bâclage. Il y a tellement d'idées à trouver... Et les bonnes idées - originales, qui plaisent et dans la bonne gamme de budget - ne se recyclent pas d'une année à l'autre.
Ce que j'aime malgré tout dans ce marathon hivernal, c'est que je le partage avec mon frère et ma soeur: nous faisons pas mal de cadeaux en commun. Alors que nous nous voyons peu souvent le reste de l'année, Noël est un concentré de temps passé ensemble. Et j'apprécie tout particulièrement la séance d'emballage des cadeaux. Entre mon frère pressé d'en terminer qui fait des paquets froissés avec du papier qui dépasse et moi qui suis un peu maniaque du pliage, il y a de l'animation...
Cette année, ma soeur, de cinq ans ma cadette, a eu une fille. Et mon frère aîné et sa copine viennent d'annoncer qu'ils attendent également un heureux événement. Je suis content d'être tonton. Mais je suis aussi content d'habiter loin.
Je me rappelle d'une conversation que j'avais eue avec le couple de jeunes retraités qui m'avait accueilli dans une dépendance de leur maison.quand j'habitais près de Toulouse. La dame avait dû s'éloigner géographiquement de sa famille pour vivre avec son mari. Elle me dit alors qu'il ne fallait pas culpabiliser de vivre loin de chez soi, de prendre de la distance par rapport à ses parents et ses frères et soeurs. Cela n'a rien à voir avec l'amour qu'on leur porte. Je crois qu'elle a raison, et que cela a simplifié certains choix pour moi. Aujourd'hui, je suis à la fois content de rentrer et de repartir.
Et voilà, je m'apprête maintenant à reprendre la direction du centre-ville pour la phase nécessairement finale des achats de ce Noël 2010.
Je ne sais pas exactement ce que "Joyeux Noël" veut dire, mais si c'est une manière d'exprimer de la bienveillance et de l'affection, je vous souhaite un très joyeux Noël.
Du fond du coeur.
24 déc. 2010
21 déc. 2010
De retour au pays
Souvent, lorsque je rentre dans ma région natale, je suis ému lorsque je reconnais certains comportements-expressions-accents qui sont des spécificités locales. Cela se manifeste par exemple dans la manière dont des inconnus engagent une conversation avec vous, comme si vous étiez un vieux copain.
Ce matin au supermarché, alors que je m'apprêtais à acheter du saumon fumé de la marque U, un couple de retraités m'adresse la parole:
Lui: "Le moins cher, c'est le saumon Labeyrie. Il est en promo en ce moment, et c'est de la bonne qualité. Il est à dix-sept cinquante le kilo. On a regardé partout, c'est ici qu'il est le moins cher."
Moi: "Ah ok, merci, je vais regarder ça."
Elle: "Et demain, ils font une super promotion sur le foie gras. Il va être à moins cinquante pourcent!"
Moi: "Ben c'est bon à savoir, merci pour l'info."
De même il y a quelques mois, alors que je choisissais un sandwich triangle au rayon frais du même magasin U, une dame - la cinquantaine - m'apprend que les sandwichs au poulet sont très bons. "J'en achète à mon mari. Il aime tellement ça qu'il se lève pendant la nuit pour aller se servir dans le frigo."
J'aime bien ces petites conversations, menées sur le ton de la confidence. Cela me donne l'impression d'être vraiment du pays. Et de ne l'avoir jamais quitté.
Ce matin au supermarché, alors que je m'apprêtais à acheter du saumon fumé de la marque U, un couple de retraités m'adresse la parole:
Lui: "Le moins cher, c'est le saumon Labeyrie. Il est en promo en ce moment, et c'est de la bonne qualité. Il est à dix-sept cinquante le kilo. On a regardé partout, c'est ici qu'il est le moins cher."
Moi: "Ah ok, merci, je vais regarder ça."
Elle: "Et demain, ils font une super promotion sur le foie gras. Il va être à moins cinquante pourcent!"
Moi: "Ben c'est bon à savoir, merci pour l'info."
De même il y a quelques mois, alors que je choisissais un sandwich triangle au rayon frais du même magasin U, une dame - la cinquantaine - m'apprend que les sandwichs au poulet sont très bons. "J'en achète à mon mari. Il aime tellement ça qu'il se lève pendant la nuit pour aller se servir dans le frigo."
J'aime bien ces petites conversations, menées sur le ton de la confidence. Cela me donne l'impression d'être vraiment du pays. Et de ne l'avoir jamais quitté.
12 déc. 2010
Libre, de ne pas l'être
Il y a environ cinq ans, à l'occasion de l'achat d'un nouvel ordinateur en pièces, j'ai décidé de rompre avec Windows et Microsoft Office. J'étais en désaccord avec l'idée qu'un système d'exploitation et une suite bureautique payants puissent à ce point s'imposer aux utilisateurs d'ordinateurs. Après avoir reçu une aide précieuse, je suis passé sur Linux et j'ai fait mes premiers pas dans le monde des logiciels libres.
En quelques mois, en quelques années, j'ai détricoté bon nombre d'habitudes - pas si anciennes - pour apprivoiser une partie du bestiaire du libre alternatif. Au revoir Word, Excel, PowerPoint, Access, Outlook, Internet Explorer, Mapinfo, EndNote. Bonjour OpenOffice.org, PostgreSQL, Thunderbird, Firefox, R, Quantum GIS, GRASS, GIMP, Zotero.
Pourtant, sans même savoir si cela était souhaitable, je n'ai pas complètement tiré un trait sur Windows, Microsoft Office et autres logiciels payants. Mon poste professionnel fonctionne en dual boot; je choisis au démarrage Fenêtres ou Humanité-Lynx-Lucide. Par manque de compétence, je n'ai pas acquis une complète indépendance vis-à-vis de Windows. Certains tâches restent complexes pour moi sur Linux: configurer une imprimante réseau dont il faut préalablement trouver les pilotes, gérer certains formats propriétaires de fichiers, etc.
Si au départ j'étais assez rigide, considérant par exemple chaque démarrage sur Windows comme un aveu d'impuissance, je me suis depuis beaucoup assoupli. Ce qui est important désormais, c'est de savoir qu'une alternative existe, qu'elle est à portée de main, même si sa mise en oeuvre demande un peu de temps. En bref, de savoir que j'ai le choix.
Ayant créé les conditions de ma "libération" informatique, je peux décider de sortir de ma cage, ou d'y rester. Je suis libre de ne pas faire usage de ma liberté.
S'il est agréable de faire l'expérience de sa liberté d'agir et de choisir, il y a des circonstances où le ressenti est plus complexe. C'est là où je veux en venir.
Je fréquente E. depuis plusieurs années. Nous avons décidé d'un commun accord que notre relation serait libre, sans contrainte mutuelle concernant de possibles autres partenaires. Sur le principe, cela me convient bien: je n'aime pas l'idée d'appartenir à quelqu'un, pas plus que l'idée que quelqu'un m'appartienne. Et je veux rester libre d'être attiré par d'autres garçons, de faire des rencontres, etc.
Mais les choses ne sont pas aussi simples que je le croyais au départ. Ce que je dois dire en premier lieu, c'est que je n'ai pas fait usage de cette liberté jusqu'à présent. Les occasions ne se sont pas présentées, et je ne les ai pas créées.
Dimanche dernier, j'avais un rendez-vous en centre-ville pour aller prendre un verre avec un garçon rencontré sur internet peu de temps auparavant. Cette rencontre se voulait amicale. Dans mon esprit, cela veut dire discuter, voir si l'on se trouve des points communs et éventuellement des choses à faire ensemble. Toujours dans mon esprit, cela ne ferme pas la porte à des rapports plus intimes si affinités.
Dimanche, à mesure que l'heure du rendez-vous approchait, j'avais comme une boule à l'estomac. Un mélange de sentiments: appréhension, excitation, mais surtout culpabilité. Peu de temps après, je recevais un message annulant le rendez-vous, avec un motif plus ou moins sérieux. Mais peu importe, j'étais avant tout soulagé.
Mais voilà, il me reste une question sur les bras: pourquoi est-il si difficile pour moi de profiter de la liberté laissée dans une relation? Je n'ai pas la réponse, mais plusieurs pistes me viennent à l'esprit. Peut-être suis-je incapable d'envisager des rapports "intimes" sans y impliquer des sentiments qu'il est difficile d'éprouver pour plusieurs personnes. Peut-être suis-je mal à l'aise à l'idée de rencontrer quelqu'un avec l'arrière-pensée de passer à l'acte. Peut-être que devoir dire à quelqu'un que je n'ai pas envie d'aller plus loin avec lui m'est particulièrement désagréable - plus que l'inverse. Peut-être ai-je peur de trouver mieux que ce que j'ai déjà. Etc, etc.
Je continue à avoir envie de relations libres, et j'aime l'idée de pouvoir me donner sans contraintes.
Mais n'est-ce pas une véritable absence de liberté que d'aimer une idée sans réussir à être complètement en harmonie avec elle?
En quelques mois, en quelques années, j'ai détricoté bon nombre d'habitudes - pas si anciennes - pour apprivoiser une partie du bestiaire du libre alternatif. Au revoir Word, Excel, PowerPoint, Access, Outlook, Internet Explorer, Mapinfo, EndNote. Bonjour OpenOffice.org, PostgreSQL, Thunderbird, Firefox, R, Quantum GIS, GRASS, GIMP, Zotero.
Pourtant, sans même savoir si cela était souhaitable, je n'ai pas complètement tiré un trait sur Windows, Microsoft Office et autres logiciels payants. Mon poste professionnel fonctionne en dual boot; je choisis au démarrage Fenêtres ou Humanité-Lynx-Lucide. Par manque de compétence, je n'ai pas acquis une complète indépendance vis-à-vis de Windows. Certains tâches restent complexes pour moi sur Linux: configurer une imprimante réseau dont il faut préalablement trouver les pilotes, gérer certains formats propriétaires de fichiers, etc.
Si au départ j'étais assez rigide, considérant par exemple chaque démarrage sur Windows comme un aveu d'impuissance, je me suis depuis beaucoup assoupli. Ce qui est important désormais, c'est de savoir qu'une alternative existe, qu'elle est à portée de main, même si sa mise en oeuvre demande un peu de temps. En bref, de savoir que j'ai le choix.
Ayant créé les conditions de ma "libération" informatique, je peux décider de sortir de ma cage, ou d'y rester. Je suis libre de ne pas faire usage de ma liberté.
S'il est agréable de faire l'expérience de sa liberté d'agir et de choisir, il y a des circonstances où le ressenti est plus complexe. C'est là où je veux en venir.
Je fréquente E. depuis plusieurs années. Nous avons décidé d'un commun accord que notre relation serait libre, sans contrainte mutuelle concernant de possibles autres partenaires. Sur le principe, cela me convient bien: je n'aime pas l'idée d'appartenir à quelqu'un, pas plus que l'idée que quelqu'un m'appartienne. Et je veux rester libre d'être attiré par d'autres garçons, de faire des rencontres, etc.
Mais les choses ne sont pas aussi simples que je le croyais au départ. Ce que je dois dire en premier lieu, c'est que je n'ai pas fait usage de cette liberté jusqu'à présent. Les occasions ne se sont pas présentées, et je ne les ai pas créées.
Dimanche dernier, j'avais un rendez-vous en centre-ville pour aller prendre un verre avec un garçon rencontré sur internet peu de temps auparavant. Cette rencontre se voulait amicale. Dans mon esprit, cela veut dire discuter, voir si l'on se trouve des points communs et éventuellement des choses à faire ensemble. Toujours dans mon esprit, cela ne ferme pas la porte à des rapports plus intimes si affinités.
Dimanche, à mesure que l'heure du rendez-vous approchait, j'avais comme une boule à l'estomac. Un mélange de sentiments: appréhension, excitation, mais surtout culpabilité. Peu de temps après, je recevais un message annulant le rendez-vous, avec un motif plus ou moins sérieux. Mais peu importe, j'étais avant tout soulagé.
Mais voilà, il me reste une question sur les bras: pourquoi est-il si difficile pour moi de profiter de la liberté laissée dans une relation? Je n'ai pas la réponse, mais plusieurs pistes me viennent à l'esprit. Peut-être suis-je incapable d'envisager des rapports "intimes" sans y impliquer des sentiments qu'il est difficile d'éprouver pour plusieurs personnes. Peut-être suis-je mal à l'aise à l'idée de rencontrer quelqu'un avec l'arrière-pensée de passer à l'acte. Peut-être que devoir dire à quelqu'un que je n'ai pas envie d'aller plus loin avec lui m'est particulièrement désagréable - plus que l'inverse. Peut-être ai-je peur de trouver mieux que ce que j'ai déjà. Etc, etc.
Je continue à avoir envie de relations libres, et j'aime l'idée de pouvoir me donner sans contraintes.
Mais n'est-ce pas une véritable absence de liberté que d'aimer une idée sans réussir à être complètement en harmonie avec elle?
5 déc. 2010
Ce que disent les poches - Le jeu de Sherlock Holmes
Pour faire suite à mon billet précédent, voici une petite série de déductions provenant de l'examen de cette photo du contenu de mes poches.
La clé de voiture (au centre) et le portefeuille apportent assez peu de renseignements. La voiture est d'un modèle qui ne se vend plus, de la marque Citroën. Le côté "teenage" du portefeuille et son usure (plusieurs années) permettent de penser que son propriétaire a entre vingt et quarante ans.
Le petit trousseau de clés est plus intéressant. On y observe ce qui est probablement la télécommande d'un portail automatique. Le propriétaire habiterait donc dans une résidence relativement récente, avec un parking privatif. Les deux petites clés sont identiques. D'après leur taille, elles ouvrent une boîte à lettres. La troisième clé, plus grande, ouvre quant à elle la porte de l'appartement.
Le téléphone est d'un autre âge. L'absence de housse de protection semble révélateur d'un caractère assez négligent chez son propriétaire. Il y a deux jours de décalage entre la date affichée sur l'écran et le jour où la photo a été prise; cela peut- être dû à des déchargements de batterie répétés. Par contre, l'heure indiquée est exacte (12h26). Peut-être que le détenteur n'a pas de montre, et qu'il compte uniquement sur son portable pour lire l'heure, ce qui explique que celle-ci soit correctement réglée - à la différence de la date.
La photo affichée sur l'écran est de format "portrait", mais est disposée horizontalement. Le propriétaire n'est sans doute pas très adroit en matière de téléphonie - voire plus généralement en informatique - la rotation d'une photo de 90° étant une opération assez simple.
Sur la photo, on discerne difficilement la cathédrale de Notre-Dame, à Paris. Le caractère impersonnel de ce motif est plutôt inhabituel pour un portable. Peut-être que son détenteur est célibataire; il n'a pas probablement pas d'enfants. La ville de Paris est sans doute associée à des souvenirs agréables pour lui.
Pour conclure sur la personnalité du propriétaire, je dirais qu'il est:
- négligent (pas de protection sur le portable, deux clés identiques sur un même porte-clé);
- pas branché mode, ni nouvelles technologies (portable suranné), peu habile en téléphonie, voire en informatique;
- pas très fantaisiste (porte-clé impersonnel, couleur noire dominante);
- vaguement nostalgique (photo de Notre-Dame sur le portable);
- sans doute célibataire et sans enfants.
Finalement, on n'est pas très avancé. De plus, il s'avère que certaines des conclusions présentées ci-dessus sont fausses et/ou mériteraient davantage de nuance.
N'est pas Sherlock Holmes qui veut...
La clé de voiture (au centre) et le portefeuille apportent assez peu de renseignements. La voiture est d'un modèle qui ne se vend plus, de la marque Citroën. Le côté "teenage" du portefeuille et son usure (plusieurs années) permettent de penser que son propriétaire a entre vingt et quarante ans.
Le petit trousseau de clés est plus intéressant. On y observe ce qui est probablement la télécommande d'un portail automatique. Le propriétaire habiterait donc dans une résidence relativement récente, avec un parking privatif. Les deux petites clés sont identiques. D'après leur taille, elles ouvrent une boîte à lettres. La troisième clé, plus grande, ouvre quant à elle la porte de l'appartement.
Le téléphone est d'un autre âge. L'absence de housse de protection semble révélateur d'un caractère assez négligent chez son propriétaire. Il y a deux jours de décalage entre la date affichée sur l'écran et le jour où la photo a été prise; cela peut- être dû à des déchargements de batterie répétés. Par contre, l'heure indiquée est exacte (12h26). Peut-être que le détenteur n'a pas de montre, et qu'il compte uniquement sur son portable pour lire l'heure, ce qui explique que celle-ci soit correctement réglée - à la différence de la date.
La photo affichée sur l'écran est de format "portrait", mais est disposée horizontalement. Le propriétaire n'est sans doute pas très adroit en matière de téléphonie - voire plus généralement en informatique - la rotation d'une photo de 90° étant une opération assez simple.
Sur la photo, on discerne difficilement la cathédrale de Notre-Dame, à Paris. Le caractère impersonnel de ce motif est plutôt inhabituel pour un portable. Peut-être que son détenteur est célibataire; il n'a pas probablement pas d'enfants. La ville de Paris est sans doute associée à des souvenirs agréables pour lui.
Pour conclure sur la personnalité du propriétaire, je dirais qu'il est:
- négligent (pas de protection sur le portable, deux clés identiques sur un même porte-clé);
- pas branché mode, ni nouvelles technologies (portable suranné), peu habile en téléphonie, voire en informatique;
- pas très fantaisiste (porte-clé impersonnel, couleur noire dominante);
- vaguement nostalgique (photo de Notre-Dame sur le portable);
- sans doute célibataire et sans enfants.
Finalement, on n'est pas très avancé. De plus, il s'avère que certaines des conclusions présentées ci-dessus sont fausses et/ou mériteraient davantage de nuance.
N'est pas Sherlock Holmes qui veut...
4 déc. 2010
Le syndrome Sherlock Holmes
Je lis régulièrement les blogs que j'apprécie, et ils commencent à être nombreux.
Tous les auteurs ne donnent pas sur eux-mêmes la même quantité d'informations. Je me suis récemment aperçu que, sans m'en rendre compte, j'essayais toujours de me faire une idée au moins de l'âge du blogger, de l'endroit où il habite, de son activité professionnelle.
Bien souvent, la lecture de la page "A propos" fournit ces indispensables renseignements. D'autres fois, des ellipses ou de charmantes périphrases manifestent l'intention de rester discret.
Ces informations personnelles - âge, localité, activité - sont-elles vraiment importantes quand il s'agit simplement de lire un blog?
Lire un blog régulièrement, y laisser des commentaires, c'est en quelque sorte faire la rencontre de son auteur. Aussi n'apparaît-il pas complètement illégitime d'essayer d'en savoir plus sur lui. Je m'imagine peut-être aussi que certaines informations en disent long sur qui nous sommes. C'est comme chercher la confirmation que certains points de vue, certaines manifestations de notre subjectivité obéissent à des lois générales qui caractérisent la nature humaine, ou au moins la société d'aujourd'hui.
Il y a quand même plusieurs choses qui me gênent dans cette volonté d'en savoir plus.
La première, c'est de déduire des informations qui ne sont pas données spontanément par leur détenteur. Il y a là comme la transgression d'une règle tacite.
Un autre aspect dérangeant, c'est que cette recherche ne respecte pas le principe d'équivalence: je voudrais pouvoir dévoiler de moi-même ce que j'apprends des autres. Cela garantit - il me semble - le respect de saines limites mais suppose un type d'échange que le blog n'a pas toujours pour vocation d'établir.
Enfin, cette quête d'informations est menacée par l'écueil du déterminisme. "Sachant que tu as 42 ans, que tu habites à Clermont-Ferrand et que tu travailles dans l'informatique, je comprends mieux pourquoi tu penses cela". Le risque existe d'établir des relations de causalité abusives, qui font passer à côté de la belle complexité de l'humain.
En tout cas, il ne faut pas voir dans cette "recherche" une curiosité malsaine de ma part. Je n'ai pas l'intention de faire un quelconque usage des informations que je serais susceptible de déduire, ni d'indisposer qui que ce soit en rendant compte de mes hypothèses. L'anonymat sur un blog augmente la liberté du ton et élargit le champ des thèmes abordés, je suis bien placé pour le savoir.
Mais voilà, dans mon coin, j'aime jouer à deviner. Et en réalité, je suis beaucoup plus joueur que curieux. Trouver des informations cachées est assez excitant, surtout lorsqu'on pense - mais peut-être à tort! - que certains bloggers laissent parfois traîner à dessein quelques indices.
J'ai lu il y a un an environ une bonne partie des aventures du locataire de Baker Street. Je suis admiratif de la capacité de Sherlock Holmes à tirer des informations de faits insignifiants. Alors d'accord, le détective opiomane est un personnage de fiction. Il n'empêche que les enquêtes - pour ne pas dire les énigmes - racontées par Conan Doyle sont vraisemblables et les raisonnements de sa créature auraient toute sa place dans la vie réelle, dont les faits divers ont forcément inspiré l'écrivain.
Je serais par exemple curieux de savoir tout ce que Sherlock Holmes pourrait déduire de cette photographie qui correspond au contenu de mes poches, la plupart du temps (photo prise le samedi 4 décembre à 12h26):
Charité bien ordonnée commençant par soi-même, je publierai dans un prochain billet tout ce que je déduis de cette photo.
Alors vous me direz, ce n'est pas très compliqué, je ne prends pas beaucoup de risques puisqu'il s'agit de moi. C'est vrai. Mais c'était ça ou demander à un anonyme cobaye - de la blogosphère ou pas - de m'envoyer une photo du contenu de ses poches, et réaliser l'exercice sans filet.
Je peux vous garantir que ça m'a démangé ;)
Tous les auteurs ne donnent pas sur eux-mêmes la même quantité d'informations. Je me suis récemment aperçu que, sans m'en rendre compte, j'essayais toujours de me faire une idée au moins de l'âge du blogger, de l'endroit où il habite, de son activité professionnelle.
Bien souvent, la lecture de la page "A propos" fournit ces indispensables renseignements. D'autres fois, des ellipses ou de charmantes périphrases manifestent l'intention de rester discret.
Ces informations personnelles - âge, localité, activité - sont-elles vraiment importantes quand il s'agit simplement de lire un blog?
Lire un blog régulièrement, y laisser des commentaires, c'est en quelque sorte faire la rencontre de son auteur. Aussi n'apparaît-il pas complètement illégitime d'essayer d'en savoir plus sur lui. Je m'imagine peut-être aussi que certaines informations en disent long sur qui nous sommes. C'est comme chercher la confirmation que certains points de vue, certaines manifestations de notre subjectivité obéissent à des lois générales qui caractérisent la nature humaine, ou au moins la société d'aujourd'hui.
Il y a quand même plusieurs choses qui me gênent dans cette volonté d'en savoir plus.
La première, c'est de déduire des informations qui ne sont pas données spontanément par leur détenteur. Il y a là comme la transgression d'une règle tacite.
Un autre aspect dérangeant, c'est que cette recherche ne respecte pas le principe d'équivalence: je voudrais pouvoir dévoiler de moi-même ce que j'apprends des autres. Cela garantit - il me semble - le respect de saines limites mais suppose un type d'échange que le blog n'a pas toujours pour vocation d'établir.
Enfin, cette quête d'informations est menacée par l'écueil du déterminisme. "Sachant que tu as 42 ans, que tu habites à Clermont-Ferrand et que tu travailles dans l'informatique, je comprends mieux pourquoi tu penses cela". Le risque existe d'établir des relations de causalité abusives, qui font passer à côté de la belle complexité de l'humain.
En tout cas, il ne faut pas voir dans cette "recherche" une curiosité malsaine de ma part. Je n'ai pas l'intention de faire un quelconque usage des informations que je serais susceptible de déduire, ni d'indisposer qui que ce soit en rendant compte de mes hypothèses. L'anonymat sur un blog augmente la liberté du ton et élargit le champ des thèmes abordés, je suis bien placé pour le savoir.
Mais voilà, dans mon coin, j'aime jouer à deviner. Et en réalité, je suis beaucoup plus joueur que curieux. Trouver des informations cachées est assez excitant, surtout lorsqu'on pense - mais peut-être à tort! - que certains bloggers laissent parfois traîner à dessein quelques indices.
J'ai lu il y a un an environ une bonne partie des aventures du locataire de Baker Street. Je suis admiratif de la capacité de Sherlock Holmes à tirer des informations de faits insignifiants. Alors d'accord, le détective opiomane est un personnage de fiction. Il n'empêche que les enquêtes - pour ne pas dire les énigmes - racontées par Conan Doyle sont vraisemblables et les raisonnements de sa créature auraient toute sa place dans la vie réelle, dont les faits divers ont forcément inspiré l'écrivain.
Je serais par exemple curieux de savoir tout ce que Sherlock Holmes pourrait déduire de cette photographie qui correspond au contenu de mes poches, la plupart du temps (photo prise le samedi 4 décembre à 12h26):
Charité bien ordonnée commençant par soi-même, je publierai dans un prochain billet tout ce que je déduis de cette photo.
Alors vous me direz, ce n'est pas très compliqué, je ne prends pas beaucoup de risques puisqu'il s'agit de moi. C'est vrai. Mais c'était ça ou demander à un anonyme cobaye - de la blogosphère ou pas - de m'envoyer une photo du contenu de ses poches, et réaliser l'exercice sans filet.
Je peux vous garantir que ça m'a démangé ;)
29 nov. 2010
Je ne jette pas, donc je suis ?
Ce week-end, profitant d'une accalmie dans mes occupations et dans ma tête, j'ai entrepris un peu de rangement dans mon appartement, et notamment du tri de vieux documents.
Il m'arrive assez régulèrement de passer en revue les cours de l'école d'ingénieur où je suis passé il y a quelques années. La pile de polycopiés et de notes manuscrites que j'en conserve s'érode lentement, mais très sûrement. Le temps passant, je réalise que certaines matières n'ont et n'auront plus jamais aucune utilité pour moi. Et c'est tant mieux. Et si d'aventure je me trompais, je pourrais toujours trouver des ouvrages de synthèse dans une bibliothèque ou des cours sur internet.
Immanquablement, lorsqu'on parcourt ces piles de documents, on tombe sur des copies d'examen. Les notes sont plus ou moins bonnes - mais globalement plutôt bonnes: quand j'étais étudiant, j'étais un "stressé de la life" et je travaillais beaucoup, avec une énergie dont je ne sais pas trop aujourd'hui d'où elle venait. Ce qui me surprend, c'est d'avoir réussi à consacrer du temps - malgré mon total manque d'intérêt - à des matières comme la comptabilité des entreprises et des collectivités locales, le droit des travaux publics et de l'urbanisme, l'assainissement non gravitaire, les automatismes, le dessin technique.
J'avais manifestement commis une erreur d'orientation en allant dans cette école. Je m'en suis rendu compte très tôt, dès le premier jour en fait, mais il était déjà trop tard. Les inscriptions étaient closes, j'avais loué un studio et j'étais financièrement engagé. J'habitais alors à plus de mille kilomètres de chez moi.
Pour en revenir au tri, plusieurs kilos de cours ont rejoint la benne aujourd'hui. Mais s'il y a bien quelque chose que je refuse toujours de jeter, ce sont ces copies d'examen. Elles sont un témoignage, une preuve tangible.
Ces derniers jours, il m'est arrivé de me sentir flou, immatériel, comme déconnecté de la réalité. Photographier, dessiner, écrire me permettent de garder des traces de vie et de vérifier, a posteriori, que j'existe; ou plutôt, que j'ai bien existé.
Il m'arrive assez régulèrement de passer en revue les cours de l'école d'ingénieur où je suis passé il y a quelques années. La pile de polycopiés et de notes manuscrites que j'en conserve s'érode lentement, mais très sûrement. Le temps passant, je réalise que certaines matières n'ont et n'auront plus jamais aucune utilité pour moi. Et c'est tant mieux. Et si d'aventure je me trompais, je pourrais toujours trouver des ouvrages de synthèse dans une bibliothèque ou des cours sur internet.
Immanquablement, lorsqu'on parcourt ces piles de documents, on tombe sur des copies d'examen. Les notes sont plus ou moins bonnes - mais globalement plutôt bonnes: quand j'étais étudiant, j'étais un "stressé de la life" et je travaillais beaucoup, avec une énergie dont je ne sais pas trop aujourd'hui d'où elle venait. Ce qui me surprend, c'est d'avoir réussi à consacrer du temps - malgré mon total manque d'intérêt - à des matières comme la comptabilité des entreprises et des collectivités locales, le droit des travaux publics et de l'urbanisme, l'assainissement non gravitaire, les automatismes, le dessin technique.
J'avais manifestement commis une erreur d'orientation en allant dans cette école. Je m'en suis rendu compte très tôt, dès le premier jour en fait, mais il était déjà trop tard. Les inscriptions étaient closes, j'avais loué un studio et j'étais financièrement engagé. J'habitais alors à plus de mille kilomètres de chez moi.
Pour en revenir au tri, plusieurs kilos de cours ont rejoint la benne aujourd'hui. Mais s'il y a bien quelque chose que je refuse toujours de jeter, ce sont ces copies d'examen. Elles sont un témoignage, une preuve tangible.
Ces derniers jours, il m'est arrivé de me sentir flou, immatériel, comme déconnecté de la réalité. Photographier, dessiner, écrire me permettent de garder des traces de vie et de vérifier, a posteriori, que j'existe; ou plutôt, que j'ai bien existé.
21 nov. 2010
Mon coeur est plein de caporal
Ces dernières semaines ont été mouvementées. J'ai essayé de réagir à des baisses de moral à répétition. Ca n'a pas fonctionné, je ne vais pas durablement bien.
Au niveau professionnel, j'ai donné un coup de frein. Je pars plus tôt le soir et j'écoule progressivement mes jours de congés. Étant assez autonome dans mon travail, cela n'a pas été trop compliqué. J'en ai déjà ressenti quelques conséquences: moins de proximité avec la communauté de travail, des projets qui se font sans moi. De toute façon, j'ai un peu perdu le feu sacré qui me donnait l'ardeur au travail et faisait défiler le temps à grande vitesse.
Je peux vivre avec ça.
En l'espace de quelques semaines, j'ai quitté la région de Bordeaux à plusieurs reprises. Avant de choisir les destinations, j'ai réfléchi aux choses qui m'intéressaient et dont un voyage me permettrait de profiter: les musées et la peinture m'ont semblé une bonne accroche - c'est la seule que j'ai trouvée. Je voulais me retrouver dans un lieu étranger, perdre mes repères. Mission accomplie. Sauf que vouloir se perdre quand on est déjà bien paumé est une idée, au mieux saugrenue, au pire masochiste.
A Bilbao, j'ai vu de très belles choses. Mais je me suis aussi senti terriblement seul, par moment dans la plus totale confusion intérieure. J'aurais pu en pleurer. A regarder les peintures et autres œuvres d'art, j'ai passé de bons moments. J'ai été ému - pour la première fois ? - par une œuvre contemporaine. Mais qu'attendre de plus de ces contemplations ? L'art ne me fait pas porter un regard nouveau sur le monde. Alors j'ai marché jusqu'à plus soif dans cette ville que je voulais découvrir. J'ai vu des surfaces, des volumes, des lumières. Cette réalité m'est restée froide et extérieure, quand j'avais besoin de chaud à l'intérieur.
Les quelques jours à Madrid ont été assez différents. J'y suis parti avec trois amis connus lors de mes dernières années d'étude - et un peu perdus de vue depuis -, dont Nicolas et Céline en couple depuis plusieurs années. Je comptais trouver un moment pour leur dire que j'étais gay, chose qu'ils ignoraient jusqu'à présent. Les occasions ont été plutôt rares. Je l'ai dit à un moment où nous avions une discussion plutôt légère sur les différences entre hommes et femmes; ça n'a pas été pris au sérieux. Le dernier jour de notre week-end, alors que nous nous retrouvions tous les quatre dans la même chambre d'hôtel, allongés sur les lits, j'ai finalement pris un ton plus solennel pour dire que j'étais sérieux quand je disais que j'étais gay. Il y a eu un blanc. Au moins j'ai compris que le message était bien passé. "Moi, ça ne me dérange pas" dit finalement Céline. L'heure de sortir étant venue, la discussion ne s'est pas prolongée. Lorsqu'à minuit deux des amis sont rentrés se coucher, je suis ressorti boire un Mojito avec Céline. Nous avons parlé de choses plus personnelles que d'habitude, autant de son côté que du mien.
Ce week-end, je suis rentré chez mes parents, après un long voyage en train. Le soir de mon arrivée, j'ai retrouvé à la gare deux amies de lycée. Près de cinq ans s'étaient écoulés depuis notre dernière rencontre. Attablés dans un pub, nous avons parlé de nos vies, des nouvelles que nous avions de connaissances communes. A la fin de la soirée, alors que nous regagnions la voiture, je leur ai dit: "Moi aussi j'ai rencontré quelqu'un. Ca va peut-être vous surprendre. C'est un garçon. Je suis homo." Un silence a suivi - toujours le même. Sans doute un peu de surprise. Puis la discussion s'est poursuivie. "Comment s'appelle-t-il? Que fait-il dans la vie?" Je n'avais pas trop de crainte sur la réaction qu'auraient ces amies; nous avons un ami gay qui l'avait fait savoir bien avant moi et qu'elles voient régulièrement. Le lendemain, j'ai reçu un SMS qui commençait par "je voulais te dire que ça m'a fait super plaisir de te voir." Ca fait du bien de le lire.
Avant-hier, alors j'étais en voiture avec ma plus jeune soeur, je lui ai demandé si les parents lui avaient parlé ce que je leur avait dit il y a quelques semaines. Elle m'a répondu que non et s'est inquiétée assez rapidement. Alors je lui ai dit. Un silence, encore une fois. Elle a paru un peu abasourdie et gênée. "Allez, remets-toi, il n'y a rien de grave." Mais je crois qu'il va lui falloir un peu de temps pour se faire à l'idée.
Hier, la lecture d'un billet sur un blog m'a plongé dans une grande tristesse. Ce n'est pas la première fois. Depuis, j'ai le moral dans les chaussettes. Les vibrations sont un cauchemar pour les structures fragiles.
A partir de demain, je m'absente de nouveau pendant trois jours, pour le travail cette fois-ci. Mode pilotage automatique ON.
Il y a quelques mois, je me suis réveillé dans un monde nouveau qui obéit à des lois nouvelles. J'aimerais retrouver un peu de quiétude, mais je n'y arrive pas.
Au niveau professionnel, j'ai donné un coup de frein. Je pars plus tôt le soir et j'écoule progressivement mes jours de congés. Étant assez autonome dans mon travail, cela n'a pas été trop compliqué. J'en ai déjà ressenti quelques conséquences: moins de proximité avec la communauté de travail, des projets qui se font sans moi. De toute façon, j'ai un peu perdu le feu sacré qui me donnait l'ardeur au travail et faisait défiler le temps à grande vitesse.
En l'espace de quelques semaines, j'ai quitté la région de Bordeaux à plusieurs reprises. Avant de choisir les destinations, j'ai réfléchi aux choses qui m'intéressaient et dont un voyage me permettrait de profiter: les musées et la peinture m'ont semblé une bonne accroche - c'est la seule que j'ai trouvée. Je voulais me retrouver dans un lieu étranger, perdre mes repères. Mission accomplie. Sauf que vouloir se perdre quand on est déjà bien paumé est une idée, au mieux saugrenue, au pire masochiste.
A Bilbao, j'ai vu de très belles choses. Mais je me suis aussi senti terriblement seul, par moment dans la plus totale confusion intérieure. J'aurais pu en pleurer. A regarder les peintures et autres œuvres d'art, j'ai passé de bons moments. J'ai été ému - pour la première fois ? - par une œuvre contemporaine. Mais qu'attendre de plus de ces contemplations ? L'art ne me fait pas porter un regard nouveau sur le monde. Alors j'ai marché jusqu'à plus soif dans cette ville que je voulais découvrir. J'ai vu des surfaces, des volumes, des lumières. Cette réalité m'est restée froide et extérieure, quand j'avais besoin de chaud à l'intérieur.
Les quelques jours à Madrid ont été assez différents. J'y suis parti avec trois amis connus lors de mes dernières années d'étude - et un peu perdus de vue depuis -, dont Nicolas et Céline en couple depuis plusieurs années. Je comptais trouver un moment pour leur dire que j'étais gay, chose qu'ils ignoraient jusqu'à présent. Les occasions ont été plutôt rares. Je l'ai dit à un moment où nous avions une discussion plutôt légère sur les différences entre hommes et femmes; ça n'a pas été pris au sérieux. Le dernier jour de notre week-end, alors que nous nous retrouvions tous les quatre dans la même chambre d'hôtel, allongés sur les lits, j'ai finalement pris un ton plus solennel pour dire que j'étais sérieux quand je disais que j'étais gay. Il y a eu un blanc. Au moins j'ai compris que le message était bien passé. "Moi, ça ne me dérange pas" dit finalement Céline. L'heure de sortir étant venue, la discussion ne s'est pas prolongée. Lorsqu'à minuit deux des amis sont rentrés se coucher, je suis ressorti boire un Mojito avec Céline. Nous avons parlé de choses plus personnelles que d'habitude, autant de son côté que du mien.
Ce week-end, je suis rentré chez mes parents, après un long voyage en train. Le soir de mon arrivée, j'ai retrouvé à la gare deux amies de lycée. Près de cinq ans s'étaient écoulés depuis notre dernière rencontre. Attablés dans un pub, nous avons parlé de nos vies, des nouvelles que nous avions de connaissances communes. A la fin de la soirée, alors que nous regagnions la voiture, je leur ai dit: "Moi aussi j'ai rencontré quelqu'un. Ca va peut-être vous surprendre. C'est un garçon. Je suis homo." Un silence a suivi - toujours le même. Sans doute un peu de surprise. Puis la discussion s'est poursuivie. "Comment s'appelle-t-il? Que fait-il dans la vie?" Je n'avais pas trop de crainte sur la réaction qu'auraient ces amies; nous avons un ami gay qui l'avait fait savoir bien avant moi et qu'elles voient régulièrement. Le lendemain, j'ai reçu un SMS qui commençait par "je voulais te dire que ça m'a fait super plaisir de te voir." Ca fait du bien de le lire.
Avant-hier, alors j'étais en voiture avec ma plus jeune soeur, je lui ai demandé si les parents lui avaient parlé ce que je leur avait dit il y a quelques semaines. Elle m'a répondu que non et s'est inquiétée assez rapidement. Alors je lui ai dit. Un silence, encore une fois. Elle a paru un peu abasourdie et gênée. "Allez, remets-toi, il n'y a rien de grave." Mais je crois qu'il va lui falloir un peu de temps pour se faire à l'idée.
Hier, la lecture d'un billet sur un blog m'a plongé dans une grande tristesse. Ce n'est pas la première fois. Depuis, j'ai le moral dans les chaussettes. Les vibrations sont un cauchemar pour les structures fragiles.
A partir de demain, je m'absente de nouveau pendant trois jours, pour le travail cette fois-ci. Mode pilotage automatique ON.
Il y a quelques mois, je me suis réveillé dans un monde nouveau qui obéit à des lois nouvelles. J'aimerais retrouver un peu de quiétude, mais je n'y arrive pas.
16 nov. 2010
De retour de Madrid - Beauté intérieure
Après trois jours passés dans la capitale espagnole, je dirais d'abord qu'il y a de plus belles villes. Beaucoup de bâtiments historiques ont un côté trop blanc et trop neuf.
Par contre, j'ai bien aimé l'ambiance dans les rues, particulièrement dans le quartier populaire où je logeais avec trois amis. D'ailleurs, j'y ai croisé pas mal de couples gays, ce qui m'a donné une belle image de la ville. Mais n'y a-t-il pas eu un effet quartier?
Etant accompagné notamment d'une amie parlant très bien l'Espagnol, j'ai enfin pu profiter des petits restaurants et des bars à tapas. La cuisine est sympa, avec un bon goût de gras. Et pour l'amateur de cheesecake que je suis, il y a eu des moments assez savoureux.
Mon coup de coeur va sans conteste aux trois musées de peinture de la ville - Prado, Reine Sofia et Thyssen-Bornemisza. Je n'ai pas réussi à tout voir, ce qui me laisse quand même quelques regrets. Mais aussi un beau prétexte pour retourner à Madrid quand l'occasion se présentera...
Quelques photos ci-dessous, même si j'ai pas été très inspiré de ce point de vue-là !
Par contre, j'ai bien aimé l'ambiance dans les rues, particulièrement dans le quartier populaire où je logeais avec trois amis. D'ailleurs, j'y ai croisé pas mal de couples gays, ce qui m'a donné une belle image de la ville. Mais n'y a-t-il pas eu un effet quartier?
Etant accompagné notamment d'une amie parlant très bien l'Espagnol, j'ai enfin pu profiter des petits restaurants et des bars à tapas. La cuisine est sympa, avec un bon goût de gras. Et pour l'amateur de cheesecake que je suis, il y a eu des moments assez savoureux.
Mon coup de coeur va sans conteste aux trois musées de peinture de la ville - Prado, Reine Sofia et Thyssen-Bornemisza. Je n'ai pas réussi à tout voir, ce qui me laisse quand même quelques regrets. Mais aussi un beau prétexte pour retourner à Madrid quand l'occasion se présentera...
Quelques photos ci-dessous, même si j'ai pas été très inspiré de ce point de vue-là !
(Le vilain petit tambour - clin d'oeil ;) )
15 nov. 2010
Hui au jourd'
Ce matin, réveil contrarié à 6h50.
Sur le chemin du travail, je parcours les fréquences radio. C'est un vomissement ininterrompu de commentaires sur le remaniement ministériel. Plutôt un non-évènement qu'autre chose. Mais c'est presque touchant d'entendre les journalistes politiques débiter leurs analyses comme on avalerait un sandwich après sept heures de randonnée en montagne. Ils étaient vraiment en manque.
Nathalie Kosciusko-Morizet succède à Jean-Louis Borloo au Ministère de l'Ecologie. C'est inhabituel de nommer des gens compétents à ce ministère; elle n'y fera pas long feu.
Entre le matin et l'après-midi, j'entends au moins trois fois: "Ben alors, tu ne participes pas à la formation en <intitulé_formation> ? Tu sais déjà tout ?". Je réponds avec une étonnante patience que non effectivement je ne participe pas à la formation, que ça me serait profitable mais que je n'ai juste pas le temps en ce moment.
J'envoie un mail en anglais à un hollandais, qui me répond quelques minutes plus tard avec un "Dear <mon_prenom>". Ca me touche, ce qui est un peu bête vu que ça semble être la norme d'utiliser le prénom dans la culture anglo-saxonne.
Ce soir en rentrant chez moi, j'entends, au moment de couper le contact, le Tou-doup'-doup'-dou du début de la chanson As (avec un seul "s"). Du coup, je reste dans la voiture et je monte le volume. Rester trop longtemps sans écouter de George Michael, ce n'est vraiment pas raisonnable.
Sur le chemin du travail, je parcours les fréquences radio. C'est un vomissement ininterrompu de commentaires sur le remaniement ministériel. Plutôt un non-évènement qu'autre chose. Mais c'est presque touchant d'entendre les journalistes politiques débiter leurs analyses comme on avalerait un sandwich après sept heures de randonnée en montagne. Ils étaient vraiment en manque.
Nathalie Kosciusko-Morizet succède à Jean-Louis Borloo au Ministère de l'Ecologie. C'est inhabituel de nommer des gens compétents à ce ministère; elle n'y fera pas long feu.
Entre le matin et l'après-midi, j'entends au moins trois fois: "Ben alors, tu ne participes pas à la formation en <intitulé_formation> ? Tu sais déjà tout ?". Je réponds avec une étonnante patience que non effectivement je ne participe pas à la formation, que ça me serait profitable mais que je n'ai juste pas le temps en ce moment.
J'envoie un mail en anglais à un hollandais, qui me répond quelques minutes plus tard avec un "Dear <mon_prenom>". Ca me touche, ce qui est un peu bête vu que ça semble être la norme d'utiliser le prénom dans la culture anglo-saxonne.
Ce soir en rentrant chez moi, j'entends, au moment de couper le contact, le Tou-doup'-doup'-dou du début de la chanson As (avec un seul "s"). Du coup, je reste dans la voiture et je monte le volume. Rester trop longtemps sans écouter de George Michael, ce n'est vraiment pas raisonnable.
10 nov. 2010
Losing my hair (and my religion)
C'est une chose terrible que l'image renvoyée par le miroir lorsqu'à vingt-cinq ans on réalise - sans plus pouvoir le nier - que les cheveux commencent à se clairsemer sur le haut de son crâne. Rapidement et irréversiblement.
La sentence est tombée: on ne sera pas jeune éternellement. Le temps qui passe s'imprime sur son corps. Il va falloir faire le deuil de ses beaux cheveux bruns mi-courts et s'habituer - et habituer les autres - à un nouveau visage. Et supporter les plaisanteries.
Les rendez-vous chez le coiffeur deviennent plus fréquents. C'est bien connu: le seul moyen d'atténuer le contraste entre les zones bien pourvues et la clairière naissante est de couper plus court. Toujours plus court. Sous la toison de jadis, on découvre les contours imparfaitement lisses de l'os qui protège son cerveau et une peau blanche qui a tout le temps chaud ou froid. On admire au passage les trésors d'ingéniosité déployés par la coiffeuse pour ne pas offenser son égo avec des termes frontaux comme "chauve" et "calvitie". Mais la frontalité, il va falloir s'y habituer: son front est déjà une fois et demie plus grand qu'auparavant.
Un jour, lassé des incessants allers chez le coiffeur, on achète sa propre tondeuse sur un site de vente en ligne. Quelques semaines plus tard, on pose un sabot de trois millimètres sur l'appareil et on le fait glisser sur sa tête. Très vite on se rend compte que le résultat est complètement raté, que c'est une erreur d'essayer de le faire soi-même. Mais il est déjà trop tard, il n'y a déjà plus trente-six solutions, seulement deux: porter un bonnet pendant tout l'été ou couper à blanc.
Quelques minutes après, on découvre dans le miroir l'immensité du vide. Une peinture sans cadre, une maison sans toit, un mouton sans laine. Du visage que l'on voit alors, on se demande s'il redeviendra un jour le sien.
Et petit à petit il le redevient. A force d'exploration, les mains et les yeux apprivoisent le crâne dénudé. Les mains, en parcourant la tête alternativement du front vers la nuque et de la nuque vers le front, se délectent du picotement des jeunes cheveux affleurants.
Le temps ennemi redevient ami par le truchement de l'habitude. Subsiste alors une vague nostalgie, qui se manifeste chaque fois que l'on passe la main dans des cheveux qui se sont pas les siens...
Et voilà.
A vingt-cinq ans, j'ai compris que beaucoup de mes cheveux ne repousseraient plus. C'est également à cet âge que j'ai admis définitivement que je préférais les garçons. Et que j'ai tourné le dos à la religion, même si je n'étais déjà plus très croyant et encore moins pratiquant.
A ving-cinq ans, j'ai perdu mes cheveux et Dieu.
La sentence est tombée: on ne sera pas jeune éternellement. Le temps qui passe s'imprime sur son corps. Il va falloir faire le deuil de ses beaux cheveux bruns mi-courts et s'habituer - et habituer les autres - à un nouveau visage. Et supporter les plaisanteries.
Les rendez-vous chez le coiffeur deviennent plus fréquents. C'est bien connu: le seul moyen d'atténuer le contraste entre les zones bien pourvues et la clairière naissante est de couper plus court. Toujours plus court. Sous la toison de jadis, on découvre les contours imparfaitement lisses de l'os qui protège son cerveau et une peau blanche qui a tout le temps chaud ou froid. On admire au passage les trésors d'ingéniosité déployés par la coiffeuse pour ne pas offenser son égo avec des termes frontaux comme "chauve" et "calvitie". Mais la frontalité, il va falloir s'y habituer: son front est déjà une fois et demie plus grand qu'auparavant.
Un jour, lassé des incessants allers chez le coiffeur, on achète sa propre tondeuse sur un site de vente en ligne. Quelques semaines plus tard, on pose un sabot de trois millimètres sur l'appareil et on le fait glisser sur sa tête. Très vite on se rend compte que le résultat est complètement raté, que c'est une erreur d'essayer de le faire soi-même. Mais il est déjà trop tard, il n'y a déjà plus trente-six solutions, seulement deux: porter un bonnet pendant tout l'été ou couper à blanc.
Quelques minutes après, on découvre dans le miroir l'immensité du vide. Une peinture sans cadre, une maison sans toit, un mouton sans laine. Du visage que l'on voit alors, on se demande s'il redeviendra un jour le sien.
Et petit à petit il le redevient. A force d'exploration, les mains et les yeux apprivoisent le crâne dénudé. Les mains, en parcourant la tête alternativement du front vers la nuque et de la nuque vers le front, se délectent du picotement des jeunes cheveux affleurants.
Le temps ennemi redevient ami par le truchement de l'habitude. Subsiste alors une vague nostalgie, qui se manifeste chaque fois que l'on passe la main dans des cheveux qui se sont pas les siens...
Et voilà.
A vingt-cinq ans, j'ai compris que beaucoup de mes cheveux ne repousseraient plus. C'est également à cet âge que j'ai admis définitivement que je préférais les garçons. Et que j'ai tourné le dos à la religion, même si je n'étais déjà plus très croyant et encore moins pratiquant.
A ving-cinq ans, j'ai perdu mes cheveux et Dieu.
9 nov. 2010
8 nov. 2010
Plateforme
Décidément, c'est le quatrième roman de Michel Houellebecq que je lis et mon intérêt pour cet auteur ne faiblit pas.
Le narrateur s'appelle toujours Michel mais les faits relatés ne sont pas autobiographiques. D'où l'impossibilité d'attribuer totalement à l'auteur les réflexions du narrateur. C'est un procédé très habile lorsqu'on découvre à quel point les propos du Michel du roman sont amoraux et vont à l'encontre de la bien-pensance et du politiquement correct. On pourrait même y trouver de la provocation et de l'outrage s'il n'y avait pas tant de pertinence.
De manière plus personnelle, j'aime ce personnage principal sans orgueil, maladroit, lucide, pessimiste et qui se définit lui-même comme médiocre. Dépourvu d'amour propre, il n'a pas peur d'être jugé.
Pour autant, je ne peux pas pleinement adhérer à tous les constats, souvent sévères, qui sont portés sur la société d'aujourd'hui. Parce que je ne suis toujours pas un observateur suffisamment éclairé. Je serais d'ailleurs très curieux de pouvoir discuter de ces constats avec d'autres.
En attendant, je retranscris ci-dessous quatre extraits.
Offrir son corps comme un objet agréable, donner gratuitement du plaisir: voilà ce que les Occidentaux ne savent plus faire. Ils ont complètement perdu le sens du don. Ils ont beau s'acharner, ils ne parviennent plus à ressentir le sexe comme naturel. Non seulement ils ont honte de leur propre corps, qui n'est pas à la hauteur des standards du porno, mais, pour les mêmes raisons, ils n'éprouvent plus aucune attirance pour le corps de l'autre. Il est impossible de faire l'amour sans un certain abandon, sans l'acceptation au moins temporaire d'un certain état de dépendance et de faiblesse. L'exaltation sentimentale et l'obsession sexuelle ont la même origine, toutes deux procèdent d'un oubli partiel de soi; ce n'est pas un domaine dans lequel on puisse se réaliser sans se perdre. Nous sommes devenus froids, rationnels, extrêmement conscients de notre existence individuelle et de nos droits; nous souhaitons avant tout éviter l'aliénation et la dépendance; en outre, nous sommes obsédés par la santé et par l'hygiène: ce ne sont vraiment pas les conditions idéales pour faire l'amour.
J'allumai une cigarette; il me toisa avec sévérité. "Le bonheur est chose délicate, prononça-t-il d'une voix sentencieuse; il est difficile de le trouver en nous, et impossible de le trouver ailleurs." [...] La phrase me paraissait discutable: en intervertissant "difficile" et "impossible", on se serait peut-être davantage rapproché de la réalité; mais je ne souhaitais pas poursuivre le dialogue [...].
[...] pour autant que j'aie eu l'occasion d'y réfléchir, la culture me paraissait une compensation nécessaire liée au malheur de nos vies. On aurait peut-être pu imaginer une culture d'un autre ordre, liée à la célébration et au lyrisme, qui se serait développée au milieu d'un état de bonheur; je n'en étais pas certain, et ça me paraissait une considératiion bien théorique, qui ne pouvait plus vraiment avoir d'importance pour moi.
On peut habiter le monde sans le comprendre, il suffit de pouvoir en obtenir de la nourriture, des caresses et de l'amour.
Le narrateur s'appelle toujours Michel mais les faits relatés ne sont pas autobiographiques. D'où l'impossibilité d'attribuer totalement à l'auteur les réflexions du narrateur. C'est un procédé très habile lorsqu'on découvre à quel point les propos du Michel du roman sont amoraux et vont à l'encontre de la bien-pensance et du politiquement correct. On pourrait même y trouver de la provocation et de l'outrage s'il n'y avait pas tant de pertinence.
De manière plus personnelle, j'aime ce personnage principal sans orgueil, maladroit, lucide, pessimiste et qui se définit lui-même comme médiocre. Dépourvu d'amour propre, il n'a pas peur d'être jugé.
Pour autant, je ne peux pas pleinement adhérer à tous les constats, souvent sévères, qui sont portés sur la société d'aujourd'hui. Parce que je ne suis toujours pas un observateur suffisamment éclairé. Je serais d'ailleurs très curieux de pouvoir discuter de ces constats avec d'autres.
En attendant, je retranscris ci-dessous quatre extraits.
Offrir son corps comme un objet agréable, donner gratuitement du plaisir: voilà ce que les Occidentaux ne savent plus faire. Ils ont complètement perdu le sens du don. Ils ont beau s'acharner, ils ne parviennent plus à ressentir le sexe comme naturel. Non seulement ils ont honte de leur propre corps, qui n'est pas à la hauteur des standards du porno, mais, pour les mêmes raisons, ils n'éprouvent plus aucune attirance pour le corps de l'autre. Il est impossible de faire l'amour sans un certain abandon, sans l'acceptation au moins temporaire d'un certain état de dépendance et de faiblesse. L'exaltation sentimentale et l'obsession sexuelle ont la même origine, toutes deux procèdent d'un oubli partiel de soi; ce n'est pas un domaine dans lequel on puisse se réaliser sans se perdre. Nous sommes devenus froids, rationnels, extrêmement conscients de notre existence individuelle et de nos droits; nous souhaitons avant tout éviter l'aliénation et la dépendance; en outre, nous sommes obsédés par la santé et par l'hygiène: ce ne sont vraiment pas les conditions idéales pour faire l'amour.
J'allumai une cigarette; il me toisa avec sévérité. "Le bonheur est chose délicate, prononça-t-il d'une voix sentencieuse; il est difficile de le trouver en nous, et impossible de le trouver ailleurs." [...] La phrase me paraissait discutable: en intervertissant "difficile" et "impossible", on se serait peut-être davantage rapproché de la réalité; mais je ne souhaitais pas poursuivre le dialogue [...].
[...] pour autant que j'aie eu l'occasion d'y réfléchir, la culture me paraissait une compensation nécessaire liée au malheur de nos vies. On aurait peut-être pu imaginer une culture d'un autre ordre, liée à la célébration et au lyrisme, qui se serait développée au milieu d'un état de bonheur; je n'en étais pas certain, et ça me paraissait une considératiion bien théorique, qui ne pouvait plus vraiment avoir d'importance pour moi.
On peut habiter le monde sans le comprendre, il suffit de pouvoir en obtenir de la nourriture, des caresses et de l'amour.
7 nov. 2010
J'ai quelque chose à vous dire
D'ici la fin du mois de novembre, je vais probablement revoir des amis que je n'avais pas rencontrés depuis plusieurs mois pour certains, quelques années pour d'autres. Je n'ai pas spécialement provoqué ces rencontres, les circonstances ont fait que.
Je ne leur ai jamais dit que j'étais gay. A vrai dire, peu de personnes de mon entourage le savent, et encore ne leur ai-je annoncé que récemment.
J'ai longtemps confisqué cette information pour plusieurs raisons essentielles. Tout d'abord, je n'avais pas confiance en la manière dont les autres allaient réagir. Je ne voulais pas qu'on me colle l'image de quelqu'un que je ne suis pas, qu'on me considère comme anormal ou malade. Je voulais éviter le scandale familial et épargner mes parents, frère et soeurs. Par ailleurs, étant par nature plutôt discret, j'étais gêné à l'idée d'exposer une partie de ma vie intime, pour ne pas dire sexuelle, et de l'imposer à des personnes qui auraient préféré l'ignorer - sur le mode du Don't ask, don't tell.
Il y a plein de choses à redire sur ces raisons. Je pourrais prendre plus de temps non pas pour les justifier mais pour les expliquer (cela fera peut-être l'objet d'un prochain billet).
Quoi qu'il en soit - et quoi que j'en sois, j'ai changé d'attitude dernièrement vis-à-vis de la visibilité de mon homosexualité. Et j'ai décidé de faire davantage confiance.
D'ici la fin du mois de novembre, je vais revoir d'une part des amis de lycée, d'autre part des amis que j'ai connus lors de mes dernières années d'études. J'espère leur apprendre que je suis gay. Je ne sais pas si ça les surprendra. Je ne m'attends pas à des réactions négatives. Ce dont j'ai peur, c'est qu'à la lumière de cette information nouvelle, l'image qu'ils ont de moi se retrouve beaucoup modifiée, et que nos histoires communes soient relues et remises en cause. A vrai dire, je ne suis même plus sûr d'en avoir encore très peur.
Je mesure mal si nos relations évolueront à partir de là. Sans doute assez peu. En tout cas, je suis prêt à faire découvrir à ces amis ce nouveau pan de ma vie.
[Et je répondrai enfin de manière moins alambiquée quand ils me demanderont si j'ai rencontré quelqu'un...]
Je ne leur ai jamais dit que j'étais gay. A vrai dire, peu de personnes de mon entourage le savent, et encore ne leur ai-je annoncé que récemment.
J'ai longtemps confisqué cette information pour plusieurs raisons essentielles. Tout d'abord, je n'avais pas confiance en la manière dont les autres allaient réagir. Je ne voulais pas qu'on me colle l'image de quelqu'un que je ne suis pas, qu'on me considère comme anormal ou malade. Je voulais éviter le scandale familial et épargner mes parents, frère et soeurs. Par ailleurs, étant par nature plutôt discret, j'étais gêné à l'idée d'exposer une partie de ma vie intime, pour ne pas dire sexuelle, et de l'imposer à des personnes qui auraient préféré l'ignorer - sur le mode du Don't ask, don't tell.
Il y a plein de choses à redire sur ces raisons. Je pourrais prendre plus de temps non pas pour les justifier mais pour les expliquer (cela fera peut-être l'objet d'un prochain billet).
Quoi qu'il en soit - et quoi que j'en sois, j'ai changé d'attitude dernièrement vis-à-vis de la visibilité de mon homosexualité. Et j'ai décidé de faire davantage confiance.
D'ici la fin du mois de novembre, je vais revoir d'une part des amis de lycée, d'autre part des amis que j'ai connus lors de mes dernières années d'études. J'espère leur apprendre que je suis gay. Je ne sais pas si ça les surprendra. Je ne m'attends pas à des réactions négatives. Ce dont j'ai peur, c'est qu'à la lumière de cette information nouvelle, l'image qu'ils ont de moi se retrouve beaucoup modifiée, et que nos histoires communes soient relues et remises en cause. A vrai dire, je ne suis même plus sûr d'en avoir encore très peur.
Je mesure mal si nos relations évolueront à partir de là. Sans doute assez peu. En tout cas, je suis prêt à faire découvrir à ces amis ce nouveau pan de ma vie.
[Et je répondrai enfin de manière moins alambiquée quand ils me demanderont si j'ai rencontré quelqu'un...]
3 nov. 2010
Carnet à idées
J'avais un ami qui emportait toujours avec lui un petit carnet, pour garder trace d'idées qui lui passaient par la tête et qui pouvaient lui servir entre autres à construire la trame d'un roman ou à créer des personnages de fiction. Apparemment, un certain nombre d'écrivains procèdent ainsi.
Avec des intentions comparables, j'ai acheté un petit bloc-note.
Au final, je me retrouve à y écrire et dessiner un peu tout et surtout n'importe quoi: des jeux de mots, des réflexions de comptoir, des morceaux de phrase à ambition hautement littéraire, des adresses, des scores de scrabble, des petits dessins, des noms de peintures vues dans des musées, etc.
Mais j'écris surtout dans ce bloc-note des idées qui sur le moment me paraissent lumineuses. En les relisant un peu plus tard, la plupart d'entre elles s'avèrent finalement sottes, ridicules ou pathétiques (parfois les trois). Je me réjouis alors que personne d'autre que moi n'ait accès au contenu de cet insignifiant recueil. Et puis, plus rarement, il y a des choses qui continuent à m'amuser.
Voici un pêle-méli-mélo de ce qu'on pourrait lire dans ce bloc si jamais je l'égarais un jour - un frisson me parcourt à cette idée. Il n'y a bien sûr aucune cohérence dans tout cela, il faut s'imaginer dans un rêve avec des lapins blancs qui parlent. C'est parti.
Zeugme
Pour que vous veniez voir Sophie notre petite merveille, on s'est dit qu'on pourrait arroser prochainement sa naissance, et aussi le jardin parce que le sol commence à être sec.
Jeu de mots
Avant de confier l'exploitation de la déchetterie à un prestataire extérieur, il faut rédiger un cahier-décharge.
Cliché littéraire
Je sentais la respiration de l'atmosphère, ses soupirs à travers les fenêtres.
Réflexion de comptoir
Quelle meilleure vaccination à ces animateurs de jeux de TF1 qui prennent leurs téléspectateurs pour des beaufs que des candidats beaufs et exubérants au-delà de toute retenue qui perturbent le déroulement de leurs émissions, véritables enfants prodiges d'une ligne éditoriale décérébrante.
Absurde
Je suis romantique, au sens mathématique du terme.
Fâcheux incident
Contemplant le tableau "L'origine du monde" au musée d'Orsay, un vieil homme perd l'équilibre et fonce tête la première dans la toile.
Immortelle ambition
J'aimerais créer le plus grand réseau au monde de gens tristes et rejetés, "Losebook". Eh oui, ce n'est pas parce que je suis désespéré que je n'ai pas le droit d'être mégalo.
Et encore, j'ai trié...
Avec des intentions comparables, j'ai acheté un petit bloc-note.
Au final, je me retrouve à y écrire et dessiner un peu tout et surtout n'importe quoi: des jeux de mots, des réflexions de comptoir, des morceaux de phrase à ambition hautement littéraire, des adresses, des scores de scrabble, des petits dessins, des noms de peintures vues dans des musées, etc.
Mais j'écris surtout dans ce bloc-note des idées qui sur le moment me paraissent lumineuses. En les relisant un peu plus tard, la plupart d'entre elles s'avèrent finalement sottes, ridicules ou pathétiques (parfois les trois). Je me réjouis alors que personne d'autre que moi n'ait accès au contenu de cet insignifiant recueil. Et puis, plus rarement, il y a des choses qui continuent à m'amuser.
Voici un pêle-méli-mélo de ce qu'on pourrait lire dans ce bloc si jamais je l'égarais un jour - un frisson me parcourt à cette idée. Il n'y a bien sûr aucune cohérence dans tout cela, il faut s'imaginer dans un rêve avec des lapins blancs qui parlent. C'est parti.
Zeugme
Pour que vous veniez voir Sophie notre petite merveille, on s'est dit qu'on pourrait arroser prochainement sa naissance, et aussi le jardin parce que le sol commence à être sec.
Jeu de mots
Avant de confier l'exploitation de la déchetterie à un prestataire extérieur, il faut rédiger un cahier-décharge.
Cliché littéraire
Je sentais la respiration de l'atmosphère, ses soupirs à travers les fenêtres.
Réflexion de comptoir
Quelle meilleure vaccination à ces animateurs de jeux de TF1 qui prennent leurs téléspectateurs pour des beaufs que des candidats beaufs et exubérants au-delà de toute retenue qui perturbent le déroulement de leurs émissions, véritables enfants prodiges d'une ligne éditoriale décérébrante.
Absurde
Je suis romantique, au sens mathématique du terme.
Fâcheux incident
Contemplant le tableau "L'origine du monde" au musée d'Orsay, un vieil homme perd l'équilibre et fonce tête la première dans la toile.
Immortelle ambition
J'aimerais créer le plus grand réseau au monde de gens tristes et rejetés, "Losebook". Eh oui, ce n'est pas parce que je suis désespéré que je n'ai pas le droit d'être mégalo.
Et encore, j'ai trié...
29 oct. 2010
Conversation avec un franc-maçon
Dimanche soir, après une séance de ciné, je suis allé boire un verre avec une collègue de travail et un ami à elle, <S>.
A peine installé à la terrasse du bar, je m'absente quelques instants. A mon retour, la discussion porte sur les symboles franc-maçonniques. Naïvement, je demande à <S> s'il est franc-maçon. Il répond très directement par l'affirmative, avec un enthousiasme qui invite à engager la conversation sur le sujet.
Si <S> est entré dans une loge, c'est - nous fait-il comprendre - qu'il cherche un développement spirituel. Il voudrait pouvoir lire le soir, mais il n'y arrive pas. Rencontrer des gens pour discuter, débattre, échanger est une manière pour lui de s'imposer des moments de réflexion, de stimuler sa vie intellectuelle. <S> semble avoir une grande fascination pour les symboles, qu'il s'agisse des outils du franc-maçon ou d'objets géométriques purs. Il aspire à la perfection - en étant conscient de ne jamais pouvoir l'atteindre - et compte sur la valeur essentielle qu'est la droiture pour avancer sur "son chemin".
J'ai rarement l'occasion d'avoir des discussions sur des sujets aussi profonds que la valeur ou les buts ultimes de l'existence. Cela m'a passionné. Il y a quelques années, j'ai été très préoccupé par la question "Quel est le sens de ma vie?". Avec le recul, je me rends compte que la mauvaise formulation de la question me condamnait à ne jamais trouver de réponse. Mais quand même, je voulais prendre un peu de distance, et essayer de comprendre ce qui dans la vie avait le plus d'importance. Aujourd'hui, la question est devenue "Comment être heureux?", et même pour être plus précis "Qu'est-ce qui me rendrait heureux?". Pour en revenir à <S>, je tiens donc quelqu'un qui s'est trouvé des aspirations, des idéaux, que j'ai très envie de mettre à l'épreuve.
Alors je lui pose beaucoup de questions, avec d'autant moins de retenue qu'il semble se réjouir de partager ses pistes de réflexion. Pourquoi se fixer un idéal de perfection dont on est sûr de ne jamais pouvoir l'atteindre? N'est-ce pas se condamner à une perpétuelle insatisfaction? En quoi est-ce que la droiture est une valeur préférable aux autres? Qu'est-ce que la droiture? Est-ce que la morale associée a un fondement religieux?
<S> n'a pas de rhétorique toute prête, il est ouvert à la discussion. Du coup, ça part joyeusement dans tous les sens, jusqu'à la fermeture du bar.
Conclusion: je n'ai toujours aucune envie de m'approcher d'une organisation telle que la franc-maçonnerie. Mais qu'on puisse intégrer une loge pour trouver des réponses à des questions existentielles, voilà qui remet en cause quelques-uns de mes préjugés.
A peine installé à la terrasse du bar, je m'absente quelques instants. A mon retour, la discussion porte sur les symboles franc-maçonniques. Naïvement, je demande à <S> s'il est franc-maçon. Il répond très directement par l'affirmative, avec un enthousiasme qui invite à engager la conversation sur le sujet.
Si <S> est entré dans une loge, c'est - nous fait-il comprendre - qu'il cherche un développement spirituel. Il voudrait pouvoir lire le soir, mais il n'y arrive pas. Rencontrer des gens pour discuter, débattre, échanger est une manière pour lui de s'imposer des moments de réflexion, de stimuler sa vie intellectuelle. <S> semble avoir une grande fascination pour les symboles, qu'il s'agisse des outils du franc-maçon ou d'objets géométriques purs. Il aspire à la perfection - en étant conscient de ne jamais pouvoir l'atteindre - et compte sur la valeur essentielle qu'est la droiture pour avancer sur "son chemin".
J'ai rarement l'occasion d'avoir des discussions sur des sujets aussi profonds que la valeur ou les buts ultimes de l'existence. Cela m'a passionné. Il y a quelques années, j'ai été très préoccupé par la question "Quel est le sens de ma vie?". Avec le recul, je me rends compte que la mauvaise formulation de la question me condamnait à ne jamais trouver de réponse. Mais quand même, je voulais prendre un peu de distance, et essayer de comprendre ce qui dans la vie avait le plus d'importance. Aujourd'hui, la question est devenue "Comment être heureux?", et même pour être plus précis "Qu'est-ce qui me rendrait heureux?". Pour en revenir à <S>, je tiens donc quelqu'un qui s'est trouvé des aspirations, des idéaux, que j'ai très envie de mettre à l'épreuve.
Alors je lui pose beaucoup de questions, avec d'autant moins de retenue qu'il semble se réjouir de partager ses pistes de réflexion. Pourquoi se fixer un idéal de perfection dont on est sûr de ne jamais pouvoir l'atteindre? N'est-ce pas se condamner à une perpétuelle insatisfaction? En quoi est-ce que la droiture est une valeur préférable aux autres? Qu'est-ce que la droiture? Est-ce que la morale associée a un fondement religieux?
<S> n'a pas de rhétorique toute prête, il est ouvert à la discussion. Du coup, ça part joyeusement dans tous les sens, jusqu'à la fermeture du bar.
Conclusion: je n'ai toujours aucune envie de m'approcher d'une organisation telle que la franc-maçonnerie. Mais qu'on puisse intégrer une loge pour trouver des réponses à des questions existentielles, voilà qui remet en cause quelques-uns de mes préjugés.
27 oct. 2010
Burn
En ce moment, j'ai envie de tout brûler. A commencer par mes économies.
Après avoir mis de l'argent de côté pendant quelques années, je commence à me demander sérieusement s'il ne vaudrait pas mieux tout (ou presque) dépenser. Je n'ai pas envie de me "constituer un patrimoine", d'acheter un logement, etc. Personne ne dépend financièrement de moi, et il serait bien surprenant que cela change un jour. Je veux juste être à l'abri d'un coup dur et pouvoir aider, si besoin, des proches.
Je veux aussi faire des nouvelles connaissances, passer moins de temps au travail, voyager, laisser plus de place à mes envies.
Combien de personnes avant moi ont voulu toutes ces choses? Sans doute beaucoup. C'est peut-être ça, la crise de la trentaine.
Après avoir mis de l'argent de côté pendant quelques années, je commence à me demander sérieusement s'il ne vaudrait pas mieux tout (ou presque) dépenser. Je n'ai pas envie de me "constituer un patrimoine", d'acheter un logement, etc. Personne ne dépend financièrement de moi, et il serait bien surprenant que cela change un jour. Je veux juste être à l'abri d'un coup dur et pouvoir aider, si besoin, des proches.
Je veux aussi faire des nouvelles connaissances, passer moins de temps au travail, voyager, laisser plus de place à mes envies.
Combien de personnes avant moi ont voulu toutes ces choses? Sans doute beaucoup. C'est peut-être ça, la crise de la trentaine.
24 oct. 2010
Presqu'un mois
A la veille du premier mois d'existence de ce blog, quelques éléments de bilan:
En attendant d'en dire plus, j'en montre plus. C'est moi là-dessous.
- Plus d'une quinzaine de billets publiés: une cadence plutôt haute, peut-être difficilement soutenable dans la durée.
- Peu de visites: pas anormal pour un lancement (?), mais ça incite à faire mieux.
- C'est un énorme kiff de recevoir des visites et des commentaires.
- Pas mal de difficultés à trouver de l'inspiration dans ma vie quotidienne. C'est sans doute ce qui compromettra en premier la pérennité de ce blog. On verra bien.
- J'en dis encore assez peu sur moi. Mais on ne se débarrasse pas d'un coup de vieilles habitudes. Ceci dit, j'ai quelques petites choses en stock, bientôt prêtes à être publiées.
En attendant d'en dire plus, j'en montre plus. C'est moi là-dessous.
21 oct. 2010
Le sommet de la pyramide
Aujourd'hui, j'ai fait en quelque sorte ma rentrée scolaire. C'est la deuxième année que je prends des cours de japonais le soir à l'université.
Cela m'a rappelé ma première leçon l'année dernière, ou pour être plus précis ce qui l'a juste précédé. J'attendais dans un couloir bondé d'étudiants que la salle se libère. L'attente a duré plusieurs minutes, pendant lesquelles j'ai eu le loisir de balayer du regard les inscrits au cours. L'enseignement de la langue étant ouvert aux étudiants mais également à tout candidat libre, je m'attendais à voir des personnes de tous âges. Mais là, stupeur, il n'y avait aucun doute: j'occupais indéniablement le sommet de la pyramide des âges! A 29 ans, merde! D'un coup, panique on board.
La salle de cours s'ouvre, se vide. Les futurs japonophones entrent et je reste sur le pas de la porte. Je fais un gros blocage. Comment vont réagir tous ces jeunes étudiants en me voyant m'asseoir parmi eux? Vont-ils me demander si je ne me suis pas trompé de salle? Je rentre au prix d'un effort insensé, trouve une place vers le fond. Tout le monde me regarde, c'est évident, comment pourrait-il en être autrement?
Les semaines suivantes, une ou deux personnes de - presque - mon âge ont rejoint le cours. Et j'ai échangé quelques paroles avec des étudiants. Ils ne sont pas aussi méchants qu'ils en ont l'air finalement. J'ai failli me noyer dans un verre d'eau.
Cette année, la classe a l'air sympa, il y a des styles - et des âges (je le remarque sans le vouloir!) - très divers.
Y a plus qu'à se mettre au travail.
Cela m'a rappelé ma première leçon l'année dernière, ou pour être plus précis ce qui l'a juste précédé. J'attendais dans un couloir bondé d'étudiants que la salle se libère. L'attente a duré plusieurs minutes, pendant lesquelles j'ai eu le loisir de balayer du regard les inscrits au cours. L'enseignement de la langue étant ouvert aux étudiants mais également à tout candidat libre, je m'attendais à voir des personnes de tous âges. Mais là, stupeur, il n'y avait aucun doute: j'occupais indéniablement le sommet de la pyramide des âges! A 29 ans, merde! D'un coup, panique on board.
La salle de cours s'ouvre, se vide. Les futurs japonophones entrent et je reste sur le pas de la porte. Je fais un gros blocage. Comment vont réagir tous ces jeunes étudiants en me voyant m'asseoir parmi eux? Vont-ils me demander si je ne me suis pas trompé de salle? Je rentre au prix d'un effort insensé, trouve une place vers le fond. Tout le monde me regarde, c'est évident, comment pourrait-il en être autrement?
Les semaines suivantes, une ou deux personnes de - presque - mon âge ont rejoint le cours. Et j'ai échangé quelques paroles avec des étudiants. Ils ne sont pas aussi méchants qu'ils en ont l'air finalement. J'ai failli me noyer dans un verre d'eau.
Cette année, la classe a l'air sympa, il y a des styles - et des âges (je le remarque sans le vouloir!) - très divers.
Y a plus qu'à se mettre au travail.
20 oct. 2010
En quelques mots
J'ai trente ans.
Je ne ressens
rien.
Je ressens quelque
chose.
Je ne vais pas
bien.
Ils sont
heureux. Ils aiment la vie.
J'ai perdu du
temps.
Je ne vaux pas
grand chose.
Je suis un lâche.
Je me sens seul.
Mes parents ne
savent pas.
Mes parents
savent.
Je vais un peu
mieux.
Je vais moins
bien.
Je vais plus mal
que jamais.
Je n'ai plus
envie.
Je mets de la
nourriture dans ma bouche.
Des larmes coulent
de mes yeux.
J'absorbe une
pilule.
Je n'arrive à
rien.
Je coule.
Plusieurs nuits,
plusieurs jours.
Tu m'accroches.
Tu peux
m'aider.
Tu ne me lâches
pas.
Tu me remontes
vers la surface.
Je vais moins mal.
Je vais mieux.
Le temps passe.
Je veux
comprendre.
Je veux changer.
Je n'ai pas vécu
sans apprendre.
Je vaux peut-être
quelque chose.
Peu après mon
trentième anniversaire, j'ai traversé une période difficile.
Beaucoup de choses ont été remises en question. La maison s'est
écroulée.
Ca a été la
deuxième crise de ma vie. Je ne me sens plus à l'abri de rien.
19 oct. 2010
Jeu
Ce week-end, j'ai essayé de reproduire en les dessinant quelques toiles du musée des beaux arts de Bilbao.
Je n'ai pas du tout l'habitude de faire ça, mais l'expérience m'a plu. Ca m'a obligé à observer de manière plus précise la composition des scènes.
Ca m'a aussi inspiré le jeu suivant - qui au passage est l'occasion d'exposer les trois croquis que j'ai faits, du plus loupé au moins réussi. Le principe est extrêmement simple: reconnaître la scène illustrée sur le troisième croquis*. Sur la peinture originale, c'est relativement simple; sur le dessin, ça se complique un peu, soyons clair.
Un indice tout de même: c'est une scène biblique.
* Pour identifier le deuxième croquis, il faut franchement être devin, d'autant plus que je n'ai pas représenté un objet important ;)
Je n'ai pas du tout l'habitude de faire ça, mais l'expérience m'a plu. Ca m'a obligé à observer de manière plus précise la composition des scènes.
Ca m'a aussi inspiré le jeu suivant - qui au passage est l'occasion d'exposer les trois croquis que j'ai faits, du plus loupé au moins réussi. Le principe est extrêmement simple: reconnaître la scène illustrée sur le troisième croquis*. Sur la peinture originale, c'est relativement simple; sur le dessin, ça se complique un peu, soyons clair.
Un indice tout de même: c'est une scène biblique.
18 oct. 2010
Le musée Guggenheim
On m'avait tellement vanté la beauté du musée Guggenheim, que je m'étonne aujourd'hui de n'en avoir pas été déçu.
J'ai eu envie de le voir de tous les côtés, de tous les points de vue, au lever et au coucher du soleil, sous toutes les lumières.
De l'intérieur aussi, c'est quelque chose.
Je n'ai que quelques photos pour témoigner.
De retour de Bilbao
Après trois jours passés à Bilbao, l'Espagne, que je connais peu, me laisse une impression mitigée.
Il y a d'une part Bilbao et ses nombreuses audaces architecturales, l'harmonieuse modernité des quais, la richesse artistique des musées, les cafés aux ambiances chaleureuses.
Mais il y a eu aussi pour moi, dès le moment où je suis descendu du train à la frontière, la subite, violente et implacable barrière de la langue. J'étais parti avec pas mal de légèreté, en me disant que les langues latines avaient beaucoup de similarités entre elles et que je pouvais en tout état de cause m'exprimer en anglais. De ce point de vue, j'ai beaucoup sous-estimé la difficulté. Pour ce qu'il m'a été donné de voir, les Espagnols ont un anglais encore moins bon que les Français! Ce n'est pas que mon accent soit sensationnel (euphémisme), mais au moins je connais les mots du vocabulaire courant. Cela n'a pas suffi, d'autant plus que beaucoup de personnes avec lesquelles j'ai tenté de communiquer - dans les hôtels, les cafés, les trains - ont continué à me parler dans leur langue natale, alors même que j'avais annoncé la couleur avec un "No hablo espagnol" (écrit comme je le prononce).
Ca paraît peut-être d'une importance secondaire mais, étant parti seul, l'impossibilité d'échanger a faire naître en moi, au fur et à mesure, un sentiment d'inconfort, de malaise. J'ai fini par limiter au strict minimum le contact avec ces visages souvent agacés par mon incompréhension de l'espagnol. Ayant un mode de vie plutôt indépendant, j'ai longtemps apprécié et recherché la solitude. Mais cette solitude-là n'avait rien d'agréable.
Ca m'a rappelé cette phrase du chanteur de Radiohead, qu'il prononce au cours d'une interview avec la voix fragile et le regard endormi: "The most essential thing in life is to establish a heartfelt communication with others."
Je suis de plus en plus d'accord avec lui.
Il y a d'une part Bilbao et ses nombreuses audaces architecturales, l'harmonieuse modernité des quais, la richesse artistique des musées, les cafés aux ambiances chaleureuses.
Mais il y a eu aussi pour moi, dès le moment où je suis descendu du train à la frontière, la subite, violente et implacable barrière de la langue. J'étais parti avec pas mal de légèreté, en me disant que les langues latines avaient beaucoup de similarités entre elles et que je pouvais en tout état de cause m'exprimer en anglais. De ce point de vue, j'ai beaucoup sous-estimé la difficulté. Pour ce qu'il m'a été donné de voir, les Espagnols ont un anglais encore moins bon que les Français! Ce n'est pas que mon accent soit sensationnel (euphémisme), mais au moins je connais les mots du vocabulaire courant. Cela n'a pas suffi, d'autant plus que beaucoup de personnes avec lesquelles j'ai tenté de communiquer - dans les hôtels, les cafés, les trains - ont continué à me parler dans leur langue natale, alors même que j'avais annoncé la couleur avec un "No hablo espagnol" (écrit comme je le prononce).
Ca paraît peut-être d'une importance secondaire mais, étant parti seul, l'impossibilité d'échanger a faire naître en moi, au fur et à mesure, un sentiment d'inconfort, de malaise. J'ai fini par limiter au strict minimum le contact avec ces visages souvent agacés par mon incompréhension de l'espagnol. Ayant un mode de vie plutôt indépendant, j'ai longtemps apprécié et recherché la solitude. Mais cette solitude-là n'avait rien d'agréable.
Ca m'a rappelé cette phrase du chanteur de Radiohead, qu'il prononce au cours d'une interview avec la voix fragile et le regard endormi: "The most essential thing in life is to establish a heartfelt communication with others."
Je suis de plus en plus d'accord avec lui.
13 oct. 2010
Ellipse
Je pars pour quelques jours.
En raison de la grève des transports, les choses se sont un peu compliquées, et finalement précipitées. Je n'attends plus qu'une chose: monter dans le train et me laisser porter. La grève, comme le nuage de Tchernobyl, a la courtoisie de s'arrêter à la frontière.
J'espère que ce court voyage sera source d'inspiration pour des billets futurs. Je prépare d'ores et déjà des choses plus personnelles.
A très bientôt.
En raison de la grève des transports, les choses se sont un peu compliquées, et finalement précipitées. Je n'attends plus qu'une chose: monter dans le train et me laisser porter. La grève, comme le nuage de Tchernobyl, a la courtoisie de s'arrêter à la frontière.
J'espère que ce court voyage sera source d'inspiration pour des billets futurs. Je prépare d'ores et déjà des choses plus personnelles.
A très bientôt.
11 oct. 2010
Parle à ma tête
Il y a quelques semaines, je me suis inscrit sur un site de rencontre gay.
J'ai eu envie de faire la connaissance de personnes gays dans la région où j'habite depuis maintenant deux ans. Et aussi de savoir comme vivent les autres homos: j'ai peu de modèles en la matière.
Ce week-end, je me connecte sur le site en question. J'engage la conversation avec un type avec qui j'ai sympathisé suite à quelques brefs échanges en fin de soirée.
D'emblée, il me paraît très branché sexe, ce qui n'est pas dans son habitude. Il multiplie les allusions, je les esquive. Il finit par se vexer, un silence suit.
Au bout d'une ou deux minutes, j'essaie de rétablir le contact. C'est là qu'il me dit qu'il est en train de se branler.
Pour être franc, ça ne m'a pas trop plu. Soyons clair: il peut se palucher autant qu'il veut, ça m'est égal. Mais couper court à une conversation comme ça, ça me scie.
En fait, je ne suis pas sûr de bien comprendre ce qui me gêne dans ce pico-évènement. Sans doute qu'il ne m'indiffère pas davantage.
J'ai eu envie de faire la connaissance de personnes gays dans la région où j'habite depuis maintenant deux ans. Et aussi de savoir comme vivent les autres homos: j'ai peu de modèles en la matière.
Ce week-end, je me connecte sur le site en question. J'engage la conversation avec un type avec qui j'ai sympathisé suite à quelques brefs échanges en fin de soirée.
D'emblée, il me paraît très branché sexe, ce qui n'est pas dans son habitude. Il multiplie les allusions, je les esquive. Il finit par se vexer, un silence suit.
Au bout d'une ou deux minutes, j'essaie de rétablir le contact. C'est là qu'il me dit qu'il est en train de se branler.
Pour être franc, ça ne m'a pas trop plu. Soyons clair: il peut se palucher autant qu'il veut, ça m'est égal. Mais couper court à une conversation comme ça, ça me scie.
En fait, je ne suis pas sûr de bien comprendre ce qui me gêne dans ce pico-évènement. Sans doute qu'il ne m'indiffère pas davantage.
10 oct. 2010
Extension du domaine de la lutte, de M. Houellebecq
C'est un livre qui, une fois commencé,
ne se met pas facilement de côté. De la chair à lecture.
La langage est brut, le style direct,
les phrases courtes. Le narrateur, et sans doute à peu de choses
près Michel Houellebecq lui-même, livre sa vision froidement
analytique et presque totalement dénuée de compassion de la société
d'aujourd'hui.
Personnellement, c'est tout à fait ce
que j'attends d'un auteur contemporain: qu'il apporte un
éclairage (de préférence nouveau) sur notre époque. De ce point
de vue, les quelques romans que j'ai lus de M. H. ne m'ont pas déçu.
Dans la société actuelle vue par
Houellebecq, l'altruisme n'a pas de place. Le passage à l'âge
adulte est le début d'une série de désillusions. Le vieillissement
est une déchéance inexorable. Ceux qui ne sont pas beaux ou jeunes
ont une vie sexuelle misérable.
Même si je
simplifie sans doute un peu, le constat est très sombre. Et c'est
justement ce qui m'interpelle. La société actuelle est-elle
vraiment telle que Michel Houellebecq la décrit ?
Je ne pense pas
être un observateur suffisamment éclairé pour répondre à cette
question. Quoiqu'il en soit et pour clore ce billet, je recopie
ci-dessous trois passages qui ont particulièrement retenu mon
attention.
Extrait 1:
Décidément, me disais-je, dans nos
sociétés, le sexe représente bel et bien un second système de
différenciation, tout à fait indépendant de l'argent ; et il
se comporte comme un système de différenciation au moins aussi
impitoyable. Les effets de ces deux systèmes sont d'ailleurs
strictement équivalents. Tout comme le libéralisme économique sans
frein, et pour des raisons analogues, le libéralisme sexuel produit
des phénomènes de paupérisation
absolue. Certains font l'amour tous les jours ;
d'autres cinq ou six fois dans leur vie, ou jamais. Certains font
l'amour avec des dizaines de femmes ; d'autres avec aucune.
C'est ce qu'on appelle la « loi du marché ». […] le
libéralisme sexuel, c'est l'extension du domaine de la lutte, son
extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la
société.
Extrait 2:
Gérard Leverrier était
administrateur à l'Assemblée nationale […].
La nouvelle de sa mort n'a
réellement surpris personne à l'Assemblée nationale ; il y
était surtout connu pour les difficultés qu'il éprouvait à
s'acheter un lit. Depuis quelques mois déjà il avait décidé cet
achat ; mais la concrétisation du projet s'avérait impossible.
L'anecdote était généralement rapportée avec un léger sourire
ironique ; pourtant, il n'y a pas de quoi rire ; l'achat
d'un lit, de nos jours, présente effectivement des difficultés
considérables, et il y a bien de quoi vous mener au suicide. D'abord
il faut prévoir la livraison, et donc en général prendre une
demi-journée de congé, avec tous les problèmes que ça pose.
Parfois les livreurs ne viennent pas, ou bien ils ne réussissent pas
à transporter le lit dans l'escalier, et on en est quitte pour
demander une demi-journée de congé supplémentaire. Ces difficultés
se reproduisent pour tous les meubles et les appareils ménagers, et
l'accumulation de tracas qui en résulte peut déjà suffire à
ébranler sérieusement un être sensible.
Extrait 3:
Le soir de la mort de Gérard
Leverrier, son père a téléphoné à son travail ; comme il
était absent de son bureau c'est Véronique qui a pris la
communication. Le message consistait simplement à rappeler son père,
de toute urgence ; elle a oublié de le transmettre. Gérard
Leverrier est donc rentré chez lui à six heures, sans avoir pris
connaissance du message, et s'est tiré une balle dans la tête.
Véronique m'a raconté ça, le soir du jour où ils ont appris sa
mort, à l'Assemblée nationale ; elle a ajouté que ça lui
« foutait un peu les boules » ; tels furent ses
propres termes. Je me suis imaginé qu'elle allait ressentir une
espèce de culpabilité, de remords ; pas du tout : le
lendemain, elle avait déjà oublié.
9 oct. 2010
Le prochain livre sur la liste
Comme pour beaucoup de gens, mes choix de lecture sont influencés à peu près équitablement par des conseils de proches et des envies personnelles. Il y a des périodes où la liste des livres en attente est longue, tant on vous conseille et prête des romans. A d'autres moments, c'est bien plus ouvert; on ne sait pas quel livre va être le suivant. Ce matin encore, je cherchais un successeur à 1984.
Comme Alain Finkielkraut, j'aime aller à la librairie pour me faire draguer par des livres.
Aujourd'hui, pas de gros coup de foudre. J'ai pris un livre de Houellebecq et un de Mishima. J'aime bien Houellebecq parce que son analyse de la société d'aujourd'hui me paraît très pertinente. Mon choix s'est porté sur Extension du domaine de la lutte, parce qu'il n'est pas très épais (j'avoue). De Mishima, en mémoire de l'émouvante Confession d'un masque, je vais essayer Le pavillon d'or. Il y a un risque car ce qui m'avait plu dans Confession d'un masque était en grande partie le thème de l'homosexualité.
Comme Alain Finkielkraut, j'aime aller à la librairie pour me faire draguer par des livres.
Aujourd'hui, pas de gros coup de foudre. J'ai pris un livre de Houellebecq et un de Mishima. J'aime bien Houellebecq parce que son analyse de la société d'aujourd'hui me paraît très pertinente. Mon choix s'est porté sur Extension du domaine de la lutte, parce qu'il n'est pas très épais (j'avoue). De Mishima, en mémoire de l'émouvante Confession d'un masque, je vais essayer Le pavillon d'or. Il y a un risque car ce qui m'avait plu dans Confession d'un masque était en grande partie le thème de l'homosexualité.
Si j'étais sûr d'avoir au moins une réponse à la question, j'ajouterais : "Et toi, lecteur, que lis-tu en ce moment ?"
8 oct. 2010
Virée à Bilbao
Ce matin, j'ai enfin réservé des billets de train pour partir en week-end à Bilbao. J'ai besoin de me prouver que je peux organiser tout seul un petit séjour dans une ville étrangère. Et aimer ça.
Pour cette fois, ma quête, mon Graal, mon Avalon, c'est lui:
Le musée Guggenheim, dont j'ai entendu beaucoup de bien. Je suis impatient de voir le bâtiment, de le photographier sous tous les angles. Et bien sûr d'explorer ses collections de peinture.
Du côté des bémols, le voyage en train s'annonce long - plus de 8 heures - et lent - deux changements avec temps d'attente importants. Par ailleurs, je ne parle pas un mot d'espagnol; les échanges risquent donc d'être limités.
Mais tant pis, je pars quand même. Dans une semaine. Et si le séjour se passe bien, la prochaine étape pourrait être le Prado à Madrid.
Objectif: claquer tous mes jours de congés d'ici le 31 décembre...
Pour cette fois, ma quête, mon Graal, mon Avalon, c'est lui:
Le musée Guggenheim, dont j'ai entendu beaucoup de bien. Je suis impatient de voir le bâtiment, de le photographier sous tous les angles. Et bien sûr d'explorer ses collections de peinture.
Du côté des bémols, le voyage en train s'annonce long - plus de 8 heures - et lent - deux changements avec temps d'attente importants. Par ailleurs, je ne parle pas un mot d'espagnol; les échanges risquent donc d'être limités.
Mais tant pis, je pars quand même. Dans une semaine. Et si le séjour se passe bien, la prochaine étape pourrait être le Prado à Madrid.
Objectif: claquer tous mes jours de congés d'ici le 31 décembre...
6 oct. 2010
Le dormeur doit se réveiller
Il y a quelques jours, j'ai parlé dans un billet d'une phrase qui m'avait marqué et aidé à trouver un cap à une période de ma vie.
D'autres me sont revenues en mémoire entre-temps. Parmi celles-ci, et comme un leitmotiv, « il faut vivre de nouvelles expériences ».
Vous la connaissez peut-être aussi bien que moi. C'est extrait du film Dune, réalisé par David Lynch en 1984 (merci Wiki au passage...).
En français, pour le passage qui m'intéresse particulièrement, ça donne:
« La mer va me manquer, mais il faut vivre de nouvelles expériences. Elles créent au fond de nous des modifications qui nous permettent de nous grandir. Il faut changer, sinon quelque chose sommeille en nous qui rarement se réveille... Le dormeur doit se réveiller. »
Concernant le film Dune, je ne sais pas:
* combien de fois j'ai pu le visionner quand j'étais adolescent,
* à quel niveau de kitsch les années l'ont élevé,
MAIS « Il faut vivre de nouvelles expériences » m'a longtemps marqué. Parfois, lorsque des choix se sont présentés, la réplique du duc Léto m'a fait pencher du côté « bouge-toi, essaie, tu verras bien ce que ça donne ».
Ce n'est pas que j'aie vécu plein de choses extraordinaires dans mon adolescence. Mais sans doute un peu plus que si Frank Herbert et David Lynch n'avaient pas existé.
...
J'aurais pu terminer ce billet au paragraphe précédent, mais je vois que certains d'entre vous ont des fourmis dans les jambes depuis qu'ils ont lu « Le dormeur doit se réveiller ». Pour ne frustrer personne, je mets un lien vers le clip de ce morceau de techno du début des années 90:
Alors voilà, maintenant c'est un peu le bordel. Si on récapitule, le dormeur doit :
* se réveiller,
* vivre de nouvelles expériences,
* danser sur un tube techno ultra-répétitif.
Ca me fatigue, je vais me coucher.
4 oct. 2010
Les amours imaginaires
Bien que je n'aie pas l'intention de poster une critique sur tous les films que je vois au cinéma, j'ai très envie de partager mon enthousiasme pour "Les amours imaginaires" sorti ce mercredi.
L'histoire est simple: deux très bons amis - un garçon et une fille - tombent amoureux d'un troisième garçon, qui s'amuse de la situation et piétine leurs sentiments. L'histoire principale est entrecoupée par des témoignages de personnes tierces qui, chacune à leur manière, racontent leur(s) expérience(s) de déceptions ou d'illusions amoureuses.
La manière de filmer est très resserrée sur les personnages. L'anxiété amoureuse, la jalousie honteuse, l'absence de réciprocité sont autant de thèmes que le film donne à voir et à ressentir. Et c'est là que ça m'a plu. Le film propose une immersion par les sens et le ressenti. Les scènes esthétiques à vocation contemplative où la musique sature l'espace sont assez nombreuses, un peu dans le style de Wong Kar Wai.
Le film a l'air de passer dans peu de salles, mais si vous avez l'occasion de le voir je vous le recommande chaudement.
Et d'ailleurs, je prends l'engagement suivant auprès des déçus qui auront suivi mon conseil: j'irai voir à mon tour un film à l'affiche que vous me recommanderez, quel qu'il soit. Je mets simplement une limite de trois films - au cas où ce blog acquière soudainement une popularité qui ne me permette pas matériellement de respecter ma promesse...
L'histoire est simple: deux très bons amis - un garçon et une fille - tombent amoureux d'un troisième garçon, qui s'amuse de la situation et piétine leurs sentiments. L'histoire principale est entrecoupée par des témoignages de personnes tierces qui, chacune à leur manière, racontent leur(s) expérience(s) de déceptions ou d'illusions amoureuses.
La manière de filmer est très resserrée sur les personnages. L'anxiété amoureuse, la jalousie honteuse, l'absence de réciprocité sont autant de thèmes que le film donne à voir et à ressentir. Et c'est là que ça m'a plu. Le film propose une immersion par les sens et le ressenti. Les scènes esthétiques à vocation contemplative où la musique sature l'espace sont assez nombreuses, un peu dans le style de Wong Kar Wai.
Le film a l'air de passer dans peu de salles, mais si vous avez l'occasion de le voir je vous le recommande chaudement.
Et d'ailleurs, je prends l'engagement suivant auprès des déçus qui auront suivi mon conseil: j'irai voir à mon tour un film à l'affiche que vous me recommanderez, quel qu'il soit. Je mets simplement une limite de trois films - au cas où ce blog acquière soudainement une popularité qui ne me permette pas matériellement de respecter ma promesse...
30 sept. 2010
Fissure ?
En rentrant chez moi ce soir, je suis fatigué et contrarié par une douleur dans le dos qui est réapparue il y a quelques jours et ne me quitte pas depuis. Plus de piscine et plus de footing. Je commence à trouver le temps long.
En discutant avec <E> par internet, il nous prend l'idée subite de se voir ce week-end et même plus. Le vol est un peu cher, mais qu'importe. Je peux prendre des congés à la dernière minute (merci chef).
Une petite brèche dans mon inconfortable routine.
En discutant avec <E> par internet, il nous prend l'idée subite de se voir ce week-end et même plus. Le vol est un peu cher, mais qu'importe. Je peux prendre des congés à la dernière minute (merci chef).
Une petite brèche dans mon inconfortable routine.
29 sept. 2010
Vue sur jardin
Il y a sept ans, j'entrais dans la vie professionnelle.
Plein d'enthousiasme, j'ai posé mes valises à Auxerre, ville charmante mais un peu trop paisible. Je savais alors qu'il me faudrait y rester trois années au minimum. Je n'étais pas pressé.
Entre autres choses, je décidai de lire les livres qui étaient au programme lorsque j'étais au collège et au lycée, et que j'avais à l'époque allégrement esquivés. Quand le tour de Voltaire arriva, je découvris avec un éclairage nouveau la conclusion de Candide: "Il faut cultiver notre jardin".
Je crois que cette phrase m'a guidé à ce moment-là. Je me suis intéressé à différentes choses sur lesquelles je n'avais aucune culture. C'est ainsi que j'ai découvert et appris à aimer la peinture, que je me suis inscrit à des cours de solfège puis de piano au conservatoire, que j'ai commencé à apprendre la japonais avec la méthode Assimil. Un peu fouillis le jardin.
Je suis finalement resté cinq ans à Auxerre et j'en garde un bon souvenir.
Aujourd'hui, le conseil de cultiver mon jardin semble avoir moins de pertinence dans ma vie. Peut-être que ça reviendra. Nous avons tous des phrases, citations, aphorismes qui nous donnent un cap à certains moments, non?
Pour en revenir à Voltaire, j'ai l'impression, avec ce blog, de me créer un jardin. J'espère que quelques plantes y pousseront. Parce que je n'ai franchement pas la main verte...
Plein d'enthousiasme, j'ai posé mes valises à Auxerre, ville charmante mais un peu trop paisible. Je savais alors qu'il me faudrait y rester trois années au minimum. Je n'étais pas pressé.
Entre autres choses, je décidai de lire les livres qui étaient au programme lorsque j'étais au collège et au lycée, et que j'avais à l'époque allégrement esquivés. Quand le tour de Voltaire arriva, je découvris avec un éclairage nouveau la conclusion de Candide: "Il faut cultiver notre jardin".
Je crois que cette phrase m'a guidé à ce moment-là. Je me suis intéressé à différentes choses sur lesquelles je n'avais aucune culture. C'est ainsi que j'ai découvert et appris à aimer la peinture, que je me suis inscrit à des cours de solfège puis de piano au conservatoire, que j'ai commencé à apprendre la japonais avec la méthode Assimil. Un peu fouillis le jardin.
Je suis finalement resté cinq ans à Auxerre et j'en garde un bon souvenir.
Aujourd'hui, le conseil de cultiver mon jardin semble avoir moins de pertinence dans ma vie. Peut-être que ça reviendra. Nous avons tous des phrases, citations, aphorismes qui nous donnent un cap à certains moments, non?
Pour en revenir à Voltaire, j'ai l'impression, avec ce blog, de me créer un jardin. J'espère que quelques plantes y pousseront. Parce que je n'ai franchement pas la main verte...
28 sept. 2010
Summer moved on
L'été s'en est allé. Et c'est comme un soulagement.
J'ai mis du temps à m'en rendre compte, mais l'arrivée de l'été me rend inquiet, instable, me fait désirer des choses impossibles. Comme une hystérie silencieuse qui m'empêche de lire et me fait culpabiliser de ne pas être tout le temps dehors, sur la plage ou dans la mer. Et de ne pas être sur une île paradisiaque dans les Caraïbes.
Cet été, je n'ai pas pu prendre autant de vacances que je l'aurais voulu, en partie à cause d'engagements professionnels. J'ai quand même passé quinze jours sur les côtes bretonnes. A me baigner, marcher sur les dunes, profiter de ma famille. Mais pas dans les eaux turquoises de la Corse.
Cet été, je n'ai pas revu <E>. Je ne dis jamais d'<E> qu'il est mon copain, il ne dit jamais de moi que je suis le sien. On se parle presque quotidiennement sur internet et on se voit plusieurs fois par an sans s'imposer mutuellement de contraintes.
Cet été, en l'absence d'<E>, je n'ai pas voyagé seul. En suis-je seulement capable?
Et voilà. Au revoir l'été et vive l'automne. J'arrive de nouveau à lire.
Mon problème avec l'été n'est pas résolu. Mais j'ai maintenant neuf mois pour le comprendre.
J'ai mis du temps à m'en rendre compte, mais l'arrivée de l'été me rend inquiet, instable, me fait désirer des choses impossibles. Comme une hystérie silencieuse qui m'empêche de lire et me fait culpabiliser de ne pas être tout le temps dehors, sur la plage ou dans la mer. Et de ne pas être sur une île paradisiaque dans les Caraïbes.
Cet été, je n'ai pas pu prendre autant de vacances que je l'aurais voulu, en partie à cause d'engagements professionnels. J'ai quand même passé quinze jours sur les côtes bretonnes. A me baigner, marcher sur les dunes, profiter de ma famille. Mais pas dans les eaux turquoises de la Corse.
Cet été, je n'ai pas revu <E>. Je ne dis jamais d'<E> qu'il est mon copain, il ne dit jamais de moi que je suis le sien. On se parle presque quotidiennement sur internet et on se voit plusieurs fois par an sans s'imposer mutuellement de contraintes.
Cet été, en l'absence d'<E>, je n'ai pas voyagé seul. En suis-je seulement capable?
Et voilà. Au revoir l'été et vive l'automne. J'arrive de nouveau à lire.
Mon problème avec l'été n'est pas résolu. Mais j'ai maintenant neuf mois pour le comprendre.
26 sept. 2010
Il faut trouver une asso photo
En cette rentrée 2010, je me suis mis dans l'idée de m'inscrire à une association photo. Pour faire de plus belles images, acquérir de la technique et rencontrer d'autres amateurs. Mais aussi - et peut-être avant tout - pour faire de nouvelles connaissances, tout simplement (et m'obliger à surmonter ma timidité naturelle).
Je suis ainsi entré en contact avec deux associations, l'une en ville, l'autre en banlieue.
Dans les deux cas, l'accueil a été très bon: sourire avenant accompagné d'un "voilà un nouveau !", poignée de mains, échange de prénoms, tutoiement. Et quelques brefs échanges avec les nouveaux de l'année.
Quelque chose m'a surpris dans les deux clubs: il est très rapidement question de concours. De classements, de ligues. Sur le principe et d'après ce qu'on nous explique, ça donne des objectifs et ça crée de l'émulation chez les adhérents. Rien n'est pas obligatoire (bien sûr), mais c'est (quand même) très encouragé.
Dans l'association de banlieue, j'ai été immédiatement surpris par la moyenne d'âge des adhérents. A vue d'oeil, 80 à 90% sont des retraités de sexe masculin, qui se connaissent visiblement depuis plusieurs années. Fatalement, cela influe beaucoup sur l'ambiance de la soirée, qui correspondait aussi - hasard du calendrier - à l'assemblée générale de l'association.
La soirée m'a paru bien longue, engluée dans les questions d'organisation, de renouvellement de bureau, d'organisation d'un congrès, etc. Finalement, quelques photos ont été projetées dans les 45 dernières minutes. Rien de très à mon goût, mais il faut avouer que je sujet était difficile.
J'ai un peu discuté lors de la soirée et j'ai pu vérifier que je n'y connaissais pas grand chose en photo. Beaucoup d'adhérents parlent de modèles d'appareils et d'objectifs. Difficile d'accrocher pour moi.
Levée de la séance vers 23h30. Sensation de délivrance.
Tout autre ambiance dans l'association de ville. Beaucoup plus de mélange dans les âges, c'est très agréable. Quelques personnalités bien marquées: le jeune étudiant bien équipé et mordu de photo depuis déjà plusieurs années, l'homme à la cinquantaire inconditionnel de l'argentique avec une coupe de cheveu improbable, la dame un peu sans gêne habillée en violet intégral et passionnée par les fleurs.
En voyant les photos de concours d'adhérents du club, je suis impressionné - parfois même ému ! - par leur qualité. Les couleurs, les compositions, les messages.
En bref, une expérience positive, mais avec un grand bémol. L'association a presque atteint son plafond d'adhésions et il n'y aura sans doute pas beaucoup de places pour les nouveaux cette année.
Que cela fonctionne ou pas, il me reste mon petit compact pour me consoler. Et la beauté du monde à explorer ?
Je suis ainsi entré en contact avec deux associations, l'une en ville, l'autre en banlieue.
Dans les deux cas, l'accueil a été très bon: sourire avenant accompagné d'un "voilà un nouveau !", poignée de mains, échange de prénoms, tutoiement. Et quelques brefs échanges avec les nouveaux de l'année.
Quelque chose m'a surpris dans les deux clubs: il est très rapidement question de concours. De classements, de ligues. Sur le principe et d'après ce qu'on nous explique, ça donne des objectifs et ça crée de l'émulation chez les adhérents. Rien n'est pas obligatoire (bien sûr), mais c'est (quand même) très encouragé.
Dans l'association de banlieue, j'ai été immédiatement surpris par la moyenne d'âge des adhérents. A vue d'oeil, 80 à 90% sont des retraités de sexe masculin, qui se connaissent visiblement depuis plusieurs années. Fatalement, cela influe beaucoup sur l'ambiance de la soirée, qui correspondait aussi - hasard du calendrier - à l'assemblée générale de l'association.
La soirée m'a paru bien longue, engluée dans les questions d'organisation, de renouvellement de bureau, d'organisation d'un congrès, etc. Finalement, quelques photos ont été projetées dans les 45 dernières minutes. Rien de très à mon goût, mais il faut avouer que je sujet était difficile.
J'ai un peu discuté lors de la soirée et j'ai pu vérifier que je n'y connaissais pas grand chose en photo. Beaucoup d'adhérents parlent de modèles d'appareils et d'objectifs. Difficile d'accrocher pour moi.
Levée de la séance vers 23h30. Sensation de délivrance.
Tout autre ambiance dans l'association de ville. Beaucoup plus de mélange dans les âges, c'est très agréable. Quelques personnalités bien marquées: le jeune étudiant bien équipé et mordu de photo depuis déjà plusieurs années, l'homme à la cinquantaire inconditionnel de l'argentique avec une coupe de cheveu improbable, la dame un peu sans gêne habillée en violet intégral et passionnée par les fleurs.
En voyant les photos de concours d'adhérents du club, je suis impressionné - parfois même ému ! - par leur qualité. Les couleurs, les compositions, les messages.
En bref, une expérience positive, mais avec un grand bémol. L'association a presque atteint son plafond d'adhésions et il n'y aura sans doute pas beaucoup de places pour les nouveaux cette année.
Que cela fonctionne ou pas, il me reste mon petit compact pour me consoler. Et la beauté du monde à explorer ?
25 sept. 2010
Le commencement
Enfin le premier message de ce blog. J'ai mis un peu de temps à comprendre que le démarrage ne pourrait pas être aussi exceptionnel que je l'espérais. L'important aujourd'hui est de donner le coup d'envoi !
Depuis quelque temps, je ressens l'envie de parler un peu plus de moi, pour plusieurs raisons que j'essaierai d'expliquer au fur et à mesure. Il y a aussi beaucoup de questions que je me pose et dont j'aimerais discuter.
Ce n'est qu'une très vague idée du programme.
J'oubliais: je ne suis pas encore familier avec les mécanismes du blog, alors soyez indulgents - au moins au départ (après, faites-vous plaisir). Vos suggestions seront accueillies avec bienveillance.
C'est parti...
Depuis quelque temps, je ressens l'envie de parler un peu plus de moi, pour plusieurs raisons que j'essaierai d'expliquer au fur et à mesure. Il y a aussi beaucoup de questions que je me pose et dont j'aimerais discuter.
Ce n'est qu'une très vague idée du programme.
J'oubliais: je ne suis pas encore familier avec les mécanismes du blog, alors soyez indulgents - au moins au départ (après, faites-vous plaisir). Vos suggestions seront accueillies avec bienveillance.
C'est parti...
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