10 nov. 2010

Losing my hair (and my religion)

C'est une chose terrible que l'image renvoyée par le miroir lorsqu'à vingt-cinq ans on réalise - sans plus pouvoir le nier - que les cheveux commencent à se clairsemer sur le haut de son crâne. Rapidement et irréversiblement.

La sentence est tombée: on ne sera pas jeune éternellement. Le temps qui passe s'imprime sur son corps. Il va falloir faire le deuil de ses beaux cheveux bruns mi-courts et s'habituer - et habituer les autres - à un nouveau visage. Et supporter les plaisanteries.

Les rendez-vous chez le coiffeur deviennent plus fréquents. C'est bien connu: le seul moyen d'atténuer le contraste entre les zones bien pourvues et la clairière naissante est de couper plus court. Toujours plus court. Sous la toison de jadis, on découvre les contours imparfaitement lisses de l'os qui protège son cerveau et une peau blanche qui a tout le temps chaud ou froid. On admire au passage les trésors d'ingéniosité déployés par la coiffeuse pour ne pas offenser son égo avec des termes frontaux comme "chauve" et "calvitie". Mais la frontalité, il va falloir s'y habituer: son front est déjà une fois et demie plus grand qu'auparavant.

Un jour, lassé des incessants allers chez le coiffeur, on achète sa propre tondeuse sur un site de vente en ligne. Quelques semaines plus tard, on pose un sabot de trois millimètres sur l'appareil et on le fait glisser sur sa tête. Très vite on se rend compte que le résultat est complètement raté, que c'est une erreur d'essayer de le faire soi-même. Mais il est déjà trop tard, il n'y a déjà plus trente-six solutions, seulement deux: porter un bonnet pendant tout l'été ou couper à blanc.

Quelques minutes après, on découvre dans le miroir l'immensité du vide. Une peinture sans cadre, une maison sans toit, un mouton sans laine. Du visage que l'on voit alors, on se demande s'il redeviendra un jour le sien.

Et petit à petit il le redevient. A force d'exploration, les mains et les yeux apprivoisent le crâne dénudé. Les mains, en parcourant la tête alternativement du front vers la nuque et de la nuque vers le front, se délectent du picotement des jeunes cheveux affleurants.

Le temps ennemi redevient ami par le truchement de l'habitude. Subsiste alors une vague nostalgie, qui se manifeste chaque fois que l'on passe la main dans des cheveux qui se sont pas les siens...

Et voilà.

A vingt-cinq ans, j'ai compris que beaucoup de mes cheveux ne repousseraient plus. C'est également à cet âge que j'ai admis définitivement que je préférais les garçons. Et que j'ai tourné le dos à la religion, même si je n'étais déjà plus très croyant et encore moins pratiquant.

A ving-cinq ans, j'ai perdu mes cheveux et Dieu.

5 commentaires:

  1. J'ai su très vite que je perdrais mes cheveux, la génétique ne jouant pas en ma faveur. Ça doit faire 2 ans que je ne vais plus chez le coiffeur et que je me débrouille tout seul (avec un coup de main de mon homme pour les finitions) et j'avoue que plus le résultat est court, plus ça me plaît ;-)

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  2. @Glimpse: La génétique aurait dû jouer en ma faveur, du coup je n'ai rien vu venir.
    Ca fait aussi deux ans que je me débrouille seul, y compris pour les finitions, que je fais à l'aveugle ;)

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  3. J'ai lu quelque part que la calvitie est liée à un taux de testostérone élevé. Une virilité exacerbée en quelque sorte.

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  4. @PeP: J'espère que toute ma force n'est pas partie avec ma chevelure !

    @TM: J'ai aussi entendu ça, mais je croyais que c'était le genre de chose qu'on se disait pour se consoler... En fait non, un médecin me l'a confirmé ;)

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