1 févr. 2011

Un mois

J'ai été informé il y a quelques jours que mes bons et loyaux services au travail m'avaient valu une récompense tout à fait inattendue : je vais accéder à un échelon supérieur de rémunération avec une réduction d'ancienneté d'un mois !

Il ne m'aura donc pas fallu 30 mois, mais seulement 29, pour faire péter la tirelire de mon employeur et offrir un festin d'ortolans à mon cochon fendu.

Non vraiment, je suis très honoré de cette récompense. J'ai d'ailleurs préparé un petit discours pour remercier tous ceux sans qui cette ascension fulgurante n'aurait pas été possible, et à qui je dédie ce soir ce trophée cette décision. Je tiens par ailleurs à saluer humblement tous les collègues qui concouraient dans la même catégorie. Je comprends leur déception, leur amertume, mais ils auront la courtoisie de reconnaître qu'ils ne faisaient pas le poids. Pour reprendre une fameuse chanson d'ABBA, the winner takes it all.

Il m'est agréable de rappeler que cette récompense est le couronnement d'un ensemble d'efforts entrepris de longue date et que je ne vous ferai pas l'affront de rappeler ci-après:
  • le café filtre que je prépare le matin est dosé à la quasi-perfection;
  • j'ai réduit de plusieurs centaines de mégaoctets l'espace qu'occupaient mes photos et vidéos sur le serveur de sauvegarde de l'organisme;
  • je ne laisse plus moisir des fonds de café dans mon bureau lorsque je m'absente plusieurs jours;
  • je vide moi-même la poubelle lorsque j'y déverse le vendredi soir plusieurs kilos de matière putrescible.

Alors oui, je suis devenu un employé modèle, un mètre-étalon pour tous nos collaborateurs. Mais ne vous meprénez pas sur mon compte : c'est bien à corps défendant - à défaut de cul défendu - que j'accepte ce nouveau statut d'icône. Ma modestie m'empêchera naturellement de tirer une quelconque gloire de cette exceptionnelle distinction.

Cher Patron, cher Père - si vous me permettez d'exprimer ici l'amour filial que je vous porte, merci pour cette reconnaissance de mes efforts, de mes compétences, de mon travail. Si je l'avais apprise plus tôt, je me serais sans doute abstenu de vider les comptes de l'association du personnel.

Mais c'est désormais vers l'avenir qu'il importe de se tourner.

A s'y méprendre, l'avenir ressemble à un mur. Je m'y appuie en écartant les jambes.

5 commentaires:

  1. Ton billet est sacrément cynique, je trouve.

    Edit : 'terrappi' comme capcha. Hasard ou ...?

    RépondreSupprimer
  2. Oui, cynique et drôle-amer. Un billet plein d'humour aussi parce que sans doute un peu "vécu". L'auto-dérision est une bonne pratique, il faut la pratiquer le plus souvent possible.

    RépondreSupprimer
  3. @TM: J'espère au moins que c'est cyniquement drôle.
    'Terrappi' n'est sans doute pas un hasard: mais est-ce pour moi ou pour toi? ;)

    @Ek91: Tout à fait d'accord pour l'auto-dérision. J'ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce billet.

    RépondreSupprimer
  4. Cynique mais tout de même drôle en effet. Non, je dirais plutôt : cocasse.
    Pour la 'terrappi', tu veux qu'on partage ? ;)

    RépondreSupprimer
  5. @TM: Ok pour partager, c'est un bon compromis ;)

    RépondreSupprimer