9 janv. 2011

Anti-constitution ?

Aujourd'hui j'ai visité l'exposition consacrée aux "nus académiques" au musée des Beaux-Arts de Bordeaux. De mémoire, les oeuvres présentées datent des XVII et XVIIIèmes siècles.

Il s'agit - apprend-on sur les panneaux explicatifs - de dessins réalisés à partir de modèles par des professeurs et des élèves de deuxième année de l'académie de dessin. Pourquoi des élèves de deuxième année ? Parce qu'en première année, les graines d'artistes travaillent le "nu idéal" à partir d'oeuvres de grands maîtres. Ce n'est qu'à partir de la seconde année qu'on les estime en capacité de dessiner des êtres de chair tout en apportant les corrections qu'impliquent les imperfections naturelles de leur corps. Bonjour le formatage !

Les dessins exposés ne représentent que des individus mâles. Alors pour être clair, cela ne me dérange a priori pas du tout - ;) - mais je ne me rappelle pas en avoir lu l'explication sur les divers panneaux introductifs et thématiques. Cela aurait dû atténuer ma surprise lorsqu'en sortant de l'exposition j'ai aperçu "Têtu" dans la liste des partenaires de l'évènement. Qu'il y ait ou non un lien avec le parrainage de la revue gay, je dois dire que la juxtaposition des dessins a fait poindre en moi une certaine concupiscence...

Bien qu'incompétent en la matière, les dessins m'ont paru d'une bonne facture. Et comme beaucoup, j'aime m'approcher physiquement des oeuvres - jusqu'au maximum autorisé - et sentir s'évaporer quelques-uns des secrets qui transforment des multitudes de coups de crayon, de craie ou de fusain en un assemblage sophistiqué de muscles, de chairs et d'os dont la volumétrie est retranscrite grâce aux jeux de contrastes et de lumière.

Mais voilà, tout cela reste très académique - on pourra à juste titre me rappeler qu'il suffisait de lire le titre de l'exposition pour le savoir. Pas de doute, la représentation du corps est la seule finalité de ces dessins; il n'y a pas de composition ni de mise en scène, ou alors celles-ci sont anecdotiques. En parlant des corps, je les ai trouvés très peu variés, engoncés dans le stéréotype du mâle à la constitution robuste et musculeuse, et dont l'épaisseur des cuisses évoque davantage le bovin que l'humain. Pour moi, ça ne correspond pas du tout au nu idéal ! Je comprends que pour représenter un Hercule crédible vêtu de sa peau de Lion et armé de sa grosse massue il faille l'incarner dans un homme bien charpenté - encore que... - mais pour un Apollon ou un Mercure, on doit pouvoir argumenter que le poids d'une harpe ou d'un caducée n'implique pas trois séances hebdomadaires de muscu !

***

Aujourd'hui, en allant courir, une subite douleur au genou m'a contraint à rentrer en marchant. Je n'aurais quand même pas renié quelques points de constitution supplémentaires...

2 commentaires:

  1. A choisir entre un mec chétif et un gars musculeux, je choisis sans hésitation le second. Et n'oublions pas que ces représentations ne reflètent que le goût d'une époque. D'ailleurs je crois avoir lu dans le Têtu du mois d'octobre (interview de Fr. Saga il me semble) que le modèle de la virilité incarnée par un mec à gros biscotos était en train de passer de mode. L'avenir appartient peut être aux crevettes ?

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  2. @TM: Je ne plaiderai pas la cause des crevettes face aux gros biscotos! La beauté du corps s'exprime dans un assez vaste arc-en-ciel de corpulences.

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