11 mars 2011

De retour, les mains sales et salées

Après deux semaines de déplacements professionnels, je vais regagner pour quelque temps un mode de vie plus sédentaire (c'est d'ailleurs un grand plaisir de découvrir à mon retour les nouveaux billets publiés sur mes blogs favoris).

Cela fait maintenant un peu plus de deux ans que j'ai commencé à travailler dans les marais. J'ai réalisé cette semaine pour la première fois que mon corps s'était adapté, au moins en partie, aux contraintes qu'imposent ces milieux. Le changement le plus remarquable concerne mes mains: de fines et sensibles, elles sont devenues plus épaisses, plus abîmées, plus aguerries. Moins lisses. J'ai l'impression qu'elles sont désormais protégées par un "cuir" résistant. Je suis assez fier de m'être "fait" au travail physique, de m'y être adapté.

Je viens d'une famille (au sens large) qui compte beaucoup de manuels, et lorsque j'étais petit je manifestais peu d'envie et peu d'intérêt pour les tâches manuelles, que ce soit la mécanique ou le bricolage - et j'en passe. Cela m'a valu en son temps quelques railleries et moqueries, mais je travaillais bien à l'école, ce qui m'attirait en contrepartie des compliments et des encouragements. J'ai continué mes études par la suite et j'ai progressivement pris conscience que le travail manuel était souvent déconsidéré, que les ouvriers et les artisans étaient traités de manière condescendante. Et j'avais du mal à concilier mes préférences pour le travail et les activités "intellectuelles" et mon envie d'une meilleure considération pour les travaux manuels - et par extension du milieu, de la "classe" dont je suis issu. S'il y a de la noblesse dans les métiers qui salissent les mains, pourquoi est-ce que je n'en exerce pas un ?

Ces dernières années, j'ai évolué vers un équilibre accru entre les activités physiques et le travail de bureau. Mon sens pratique s'est développé. Je me suis sali les mains, je les ai rudoyées, et j'éprouve désormais à le faire du plaisir et de la fierté. C'est comme ériger un pont entre mes affinités personnelles et mes origines.

Tout ça pour dire que je suis rentré. J'espère être plus présent sur la toile ces prochains temps et commenter davantage sur les sites que j'aime et auxquels je ne l'exprime pas assez.

Et un grand merci à Maître De Latrompe-Major pour son inventif lot de consolation ;)

3 commentaires:

  1. Je crois que c'est typiquement francais de dévaloriser le travail manuel. Il n'y qu'à voir comment les filières techniques et l'apprentissage sont considérés. Ce n'est pas le cas en Allemagne.

    RépondreSupprimer
  2. @Gouli: Tant mieux si ça n'est pas une tendance générale. Merci de ton passage!

    RépondreSupprimer
  3. Oui, les gens dits "manuels" sont parfois traités de façon condescendante par ceux qui "pensent". Evidemment, ce n'est pas une généralité et je crois qu'en plus du fait que nous ne sommes pas tous "doués" pour la même chose, manuels et intellectuels devraient plutôt apprendre à se compléter.
    J'ai aussi remarqué que lorsque je partage des activités manuelles avec d'autres, les rapports, les relations, les sympathies sont plus fortes... mais je n'ai (presque) pas d'explication à cela.

    RépondreSupprimer